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398 NÉCROLOGIE. tivité alors ne reculait devant aucun travail pour s'éclairer, et ensuite il apportait à la défense de ce qu'il croyait la vérité une ardeur pleine de jeunesse et un réel courage s'il lefaïlait. Lorsqu'il fat question d'introduire la liturgie romaine dans le dio- cèse, M. Vincent, par amour pour cette Église de Lyon qu'il chérissait d'une si profonde tendresse, prit une large part à la Itftte, il fut un des députés envoyés à Rome pour plaider la cause lyonnaise. Le suc- cès ne couronna pas cette démarche : le chef de l'Eglise, s'élevant à , des considérations plus vastes, imposa l'unité de liturgie, tout en fai- sant de précieuses concessions à l'antique Église de Lyon, M. Vincent, qui avait été nommé en 1865 chevalier de la Légion d'honneur, portait allègrement le poids de sa vieillesse, mais son ar- deur pour le travail lui faisant illusion, il ne sut pas ménager cette santé que les ans affaiblissent toujours. Une pleurésie mit ses jours en danger au mois de janvier 1872. Après trois mois de souffrances, sa robuste constitution triompha de la maladie, mais ce ne fut qu'une guerison incomplète qui ne devait pas résister à une nouvelle secousse et aux rigueurs de l'hiver. En vain lui conseilla-t-on un séjour dans le midi, il s'y refusa. Un curé, disait-il, ne doit pas déserter sa pa- roisse ; il crut même pouvoir reprendre quelques-unes de ses fonc- tions, mais il dut les cesser au commencement de cette année, une faiblesse croissante ne lui permettant plus même de quitter sa chambre. Au commencement du carême, le mal faisant de rapides progrès lui apprit qu'il devait se préparer à une mort prochaine. Cet homme si actif qui aurait pu rêver encore de longs jours, et qui, à ce moment, formait plus d'un projet pour sa paroisse, fut doux à .la suprême mes- sagère de la Providence ; il la regarda venir, et élevant son cœur vers Dieu, il lui remit son âme le 10 avril au matin. M. Vincent occupait une grande place dans le clergé de Lyon; ses relations étaient nombreuses, et tous ceux qui ont pu l'approcher sa- vent avec quelle facilité gracieuse il exerçait l'hospitalité. Pour les pauvres, M. le curé de Vaise a su allier deux conditions qui devaient féconder ses œuvres, l'ordre et la générosité : l'ordre qui accroît les ressources et les empêche de s'égarer, et ïa générosité qui gagne les cœurs. Prêtre d'une simplicité antique, il ne connut pas l'entraîne- ment de notre époque vers le bien-être, il ne convoita jamais le luxe e{ resta étranger à toute superfluité ; il avait appris du divin Sauveur la loi du renoncement à son propre cœur, et tout ce qu'il-se retranchait à lui-même était autant d'ajouté au budget de la charité. La paroisse de Saint-Pierre de Vaise a prouvé, durant les quatre jours qu'il est resté exposé- et surtout au jour de ses funérailles, combien elle estimait et aimait celui qui, durant trente années de sa vie, s'était dévoué pour elle. Les obsèques ont été dignes du défunt. M. l'abbé Pagnon a présidé la cérémonie ; M. l'abbé Gonthe-Soulard a bien voulu chanter la messe, et M. l'abbé Thibaudier a conduit au séjour du repos celui que tons voulaient honorer. Un nombreux clergé, une suite imposante de pa- roissiens recueillis et attristés montraient que tous appréciaient la grande perte que faisaient la paroisse et l'Église de Lyon. P. F.