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                           DE LA VÉRITÉ.                        371
toutes de sentiment, c'est-à-dire morales ; en d'autres termes,
dues à la connaissance des passions et de leurs effets. La justice
du jury est autant de sentiment que de raison; pour qu'un pa-
reil juge comprenne, il faut le remuer, et on le convainc moins
qu'on ne l'émeut ; danger si l'on veut, mais fait bien notoire.

                                 III

   Les notions de conscience reposent sur les impressions indi-
viduelles et sur leur conformité avec les impressions générales ;
sans cela chacun prétendrait avoir une conscience à soi,et,pour
excuser ce qui est universellement condamné,dirait : Ma moralité
ne relève que de ma conscience ; je ne pense pas comme vous
et vous ne pensez pas comme moi, c'est pour cela que nous
agissons diversement. Mais que deviendrait la morale publique
avec ce système ? — La conscience publique est une conscience
collective à laquelle, il semble que la prétendue conscience privée
devrait céder ; expliquons-nous : il arrive à la conscience publi-
que, comme à la conscience privée de mentir, ou plutôt, ce qui
se dit, la conscience publique, ne l'est pas, et ce qui s'appelle
conscience privée, n'est qu'un prétexte? mais ce mensonge appa-
rent ne change rien au fond ; car ni la conscience publique, ni la
conscience privée ne nous mentent quand nous les faisons men-
tir pour les autres, et c'est pourquoi elles ne sauraient se con-
tredire. Je tiens d'ailleurs compte des natures difformes ou
imparfaites qui ont leurs lois et leur destinée comme les mons-
tres .- mais si l'on constate les monstres, on ne les explique pas.
   Les notions de conscience sont donc tout à la fois person-
nelles, universelles, de tous les temps -, et de plus, elles sont in-
délébiles, comme inhérentes à la nature indélébile de l'homme ;
ce sont là leurs signes.
    Le sentiment de la liberté est une notion de conscience que la
servitude obscurcit, mais n'éteint pas ; le sentiment de l'égalité
est du même ordre ; l'esclave des Antilles s'ouvre la veine pour
montrer que le sang du nègre n'est pas moins rouge que celui
du blanc. En parlant d'égalité, je ne l'entends que de ce senti-