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228- V1VE LA FRANCE. pour venir vous agenouiller au chevet de Marguerite ! Ah! l'amour] de la France, de la pauvre France déchirée l'au- rait emporté encore sur un autre amour, si l'on vous eût fait cette proposition', car votre patriotisme était trop grand, trop saint, trop viril, trop plein d'abnégation pour se laisser tenter même par une affection aussi profonde, aussi puissante que celle qui vous attachait à la blonde enfant aujourd'hui endormie pour toujours !... Mais vous- même, Julien, où donc êtes-vous à cette heure?... Où donc, jeune homme êtes-vous?... Est-ce la vie ou la mort qui nous répondra?... Où êtes-vous encore, soldat dauphinois?... A h ! vous semblez nous dire: —Qu'im- porte ! vive la France ! ' . . . . Avec beaucoup d'empressement attendri, on décora la bière de Marguerite avec des immortelles et des branches de verdure, car les épicéas, les ifs, les cyprès avaient été mis à contribution. Malgré le froid terrible, chacun voulut assister à ces doubles funérailles. La pauvre mère Jeanne et le bon père François menaient le deuil ; ils sanglotaient comme pour leur propre enfant et comme pour une sœur. Les autres assistants pleuraient à chaudes larmes ; c'est le plus beau panégyrique ; sans compter que le vénérable pasteur du village fit un discours, plein d'émotion naïve, sur la grandeur de ce drame héroïque qui venait d'enlever un ange à son pays natal. .IX Maintenant, nous devons dire que les événements sinis- tres qui se succédaient alors en France désolaient le pai- sible bourg de C . . . ; il regrettait, comme on le pense bien, la monotonie des jours de calme, car on était de bons pa- triotes au village. Tous les regards se portaient sur Paris, dont on attendait la délivrance avec anxiété. N'avait-on pas l'espoir, —que dis-je? l'illusion — qu'il serait enfin vainqueur, dans quelques grandes sorties, demandées instamment, nous le savons bien, par nos mobiles dau- phinois?...