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214                   VIVE LA FRANCS!
le nom de la brunette, ne négligeait rien pour amuser la
malade ; elle avait même des chatteries enfantines qui
faisaient sourire et de véritables soins dont on était ému.
Alors, Marguerite, plus tranquille, se décidait à- aller res-
pirer l'air purdans les champs accompagnée de son ami....
                             III
  Qu'il faisait donc un temps délicieux, ce soir-là ! On
semblait renaître, après une journée accablante, car on
était au mois de juillet. Le soleil, ce chaud partisan du dé-
corum splendide, s'était couché indolemment dans un
espace de velours et d'or, d'une richesse de tons à éblouir
même un amant de la couleur. Pour les bonnes femmes
superstitieuses, ce magnifique manteau "rouge, dont les
plis harmonieux flottaient autour de la couche aérienne du
roi Phœbus, cette traînée de pourpre éclatante annonçait
la guerre; — mais des amoureux ne songeaient point à
cela; écoutons-les plutôt :
   — Vois-tu, Marguerite, disait Julien, en s'avançant
dans la campagne, je me trouve très-bien auprès de ta
bonne mère; mais c'est le paradis, lorsque je suis seul
avec toi!... Comme je t'aime! comme nous nous aimons,
n'est-ce pas?... Oh ! bientôt tu seras ma,femme, et alors,
quelle joie immense !... Je n'attends qu'une petite amélio-
ration dans l'état de notre malade, pour qu'elle soit plus
dispose le jour de la noce, et je prie mes parents de te de-
mander, ma chérie ! Ne seras-tu pas heureuse?...
   — Oh! Julien!
   — Je n'aurai qu'une volonté : la tienne ! Je lirai tes
moindres désirs dans ton regard !...
   — Et moi donc, dit Marguerite, crois-tu donc que je ne
devinerai pas tes pensées, pour me consacrer entièrement
à ton bonheur, ainsi qu'à celui de ta famille, sans oublier
ma pauvre mère?...
   — Ah ! tu te connais en dévoûment, cher ange ; je serai
fier de t'avoir pour compagne...