Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                         BIBLIOGRAPHIE.                   159
 rances à la cour, le vainqueur des catholiques, le ravageur
 du Lyonnais et du Forez s'affaisse , s'assombrit et s'efface.
 L'énergie disparait, le génie guerrier s'éteint; et, tandis
 que le Page du baron retrouve sa famille et donne sa main
 au vaillant Blacon qui l'aime, Beaumont quitte l'armée, le
 monde, les grandeurs et se réfugie dans une obscurité
 tellement profonde que ses coreligionnaires et ses amis
 eux-mêmes le crurent mort.
   Comme dernier épisode, comme tableau suprême, l'au-
 teur nous peint le farouche huguenot revenu au catholi-
 cisme, enfermé dans son château du Dauphiné, et recevant
 tous les ans, clandestinement, son ami fidèle Blacon de
 Forêts et âon ancien page, aujourd'hui jeune et belle
femme, tous deux heureux, tous deux dévoués, tous deux
 amenant à leur ancien général une petite famille gracieuse,
aimante et souriante, dont la présence réjouit le cœur du
vieux soldât.
   Le Page du baron des Adrets ne paraîtra donc pas à nos
lecteurs une Å“uvre banale et vulgaire. L'histoire est rigou-
reusement respectée, les lieux sont bien décrits, et c'est là
un des mérites de l'auteur; les caractères sont fermes et
bien tracés ; l'époque entière est largement et fidèlement
représentée. Il faut du courage à un auteur pour étudier
un siècle, une époque, une ville, des personnages, afin de
rester digne et consciencieux, tandis que tant d'autres
cherchent simplement à être amusants, avec ou sans vé-
rité. En écrivant son livre, M. Antonin Thivel a voulu nous
faire connaître une époque agitée, brûlante et, dans tous
les cas, digne du plus vif intérêt.
  La première édition, tirée à petit nombre, était un essai;
Fessai a réussi. La seconde édition,- plus considérable et
plus châtiée, refondue et imprimée avec soin, est digne
d'être offerte aux archéologues, aux bibliophiles st aux
simples curieux. Que ce soit un encouragement pour l'a-
venir et que M. Thivel suive hardiment une carrière où il
a des modèles, mais où, dans ce moment, il trouvera,
malheureusement, peu d'imitateurs.
                                        Joseph BALME.