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son t o u r , lui, de ces prétendus bons mots , comme eu four-
millent les comédies italiennes, des bouts r i m e s , d e s prédic-
tions aux gens de la rue et des fenêtres , dont j'eus ma p a r t ,
je crois.... Quelle chute ! quelle chute ! Per Dio. Il m e tendit
 sa cassolette. Je lui jetai une pièce de dix sous , à la m é -
 moire du T a s s e , en détournant la t ê t e , de peur de voir
mon illusion si cruellement détruite.
    Ceci était pour la p o p u l a c e , pour sa cassolette, pour la
recette qu'il importait de grossir. Les sous pleuvaient avec
les balivernes. La tragédie devenait burlesque. Debureau suc-
cédait à T a l m a , Scribe à Corneille , le Louvre au Panthéon.
    Ah ! pauvre Rapsode a m b u l a n t , tu n'es qu'un aventurier.
Pourquoi viens-tu chanter à notre climat tempéré les magnifi-
 ques symphonies de tes b a r d e s , qui demandent le soleil de mi-
 chel-Ange , le soleil du D a n t e , le soleil de Cimarosa , ton so-
leil d'Italie , aussi splendide qu'au temps de sa gloire! Pauvre
rapsode ! fais des improvisations et des bouts rimes ; ta cas-
solette sera p l e i n e , et les enfants t'applaudiront.
    Le sein gonflé , l'œil h u m i d e , j'étouffais. J e courus m'en-
fermer dans ma chambre avec les Feuilles d'Automne , et mon
r e g a r d , étincelant soudain comme un miroir frappé d'un
rayon , rencontra ces vers prophétiques du barde lutécien :
              Ecoutez , écoutez à l'horizon immense
              Ce bruit qui parfois tombe é t soudain recommence.




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