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     passions! Que nos chambres de députés sont mesquines au-
     près de ces assemblées libres!
        Hélas! là-bas aussi la foi s'est perdue. I c i , plus l o i n , p a r -
     tout les ténèbres prédites par Byron dont le dernier soupir
     s'exhala entre les cygnes d'Ausonie. La Grèce n'a plus que
     dss tombes et des martyrs ; l'Italie ressemble aux deux sœurs
     nubiles , innocentes , parées de leurs robes blanches comme
     elles , que Caracalla , le digne geôlier du tyran , a violées
     dans leur prison , malgré leur beauté et leurs larmes. Voyez-
     la couchée languissamment sur ses marbres teints de sang
     psalmodier la messe et l'opéra pour étourdir son deuil! Où
     es-tu, R i e n z i , rêve sublime, apparu comme un météore à la
     jeune Rome des Papes , déjà plus vieille que la Rome des
     Empereurs ? Ou ètes-vous , Orphées de l'Archipel, couron-
     nés par le peuple-roi d'Athènes ? Où êtes-vous, chantres du
     Tasse et de l'Arioste, autour de qui s'agenouillaient les gon-
     dotlieri ? Veniez-vous raconter votre deuil et vos douleurs
     dans le violoncelle plaintif accompagnant les dernières chan-
     sons des muses inspirées... Ah! le peuple railleur et scepti-
     que du railleur et sceptique Voltaire ne saurait vous enten-
     dre , lui qui dansait sous la hache de 9 3 , lui qui se joue
     du trône et de l'autel ! Ah ! pleurons sur tant de mélodies
     éteintes , sur tant de royautés mortes ! Pleurons sur les taber-
     nacles d'où nous avons chassé les anges après les muses !
     pleurons sur l'Italie esclave et sur Rome , veuve de sa double
     auréole ! pleurons sur Rienzi ! pleurons sur les angoisses des
      mères! pleurons sur nous!
        Des éclats de rire seuls répondent à mes larmes. 0 mes
     dieux! ô Muses, ô mes idoles! on vous insulte. Ah! pitié!
     pitié !
        Tandis que ces lamentations gémissaient dans mon ame ,
     semblables à des tintements de cloches funèbres , leRapsode,
     abandonnant la sphère étoilée de Melpomène, était redevenu
     u n mince et stupide pasquin. La veste rouge parodiait le m a n -
     teau de p o u r p r e ; le Dieu se faisait paillasse. Il improvisait Ã