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 velle, il ne répondit à l'envoyé que par des sanglots et des
 pleurs , et promptement il reprit la route de Lyon. A peine
 il y fut arrivé qu'il vit venir à lui de nombreux députés de
 l'église de Canlorbéry, des principaux seigneurs anglais et
 du successeur de Guillaume, Henri I " . Ce ne furent de leur
 part que présents, supplications , promesses, assurances que
 tout irait en Angleterre au gré du p r i m a t , s'il consentait à
 r e t o u r n e r a Cantorbéry.
     Pressé par tant de sollicitations, encouragé par les avis de
 l'archevêque Hugues, Anselme p a r t i t , laissant le généreux
 pontife , son Eglise et les fidèles en d e u i l , et lui, le cœur
 plein d'espérance et de j o i e , le 23 septembre de la même
 a n n é e , il toucha le sol anglais. Deux ans a p r è s , le primat
 avait repris le bâton du voyageur et retrouvé les routes de
 l'exil. Henri ne marchait que trop fidèlement sur les traces
 de son prédécesseur, et Anselme ne pouvait faillir dans la
 sainte cause de la liberté et de la discipline ecclésiastique ;
 il quitta donc une seconde fois ses dignités, son Église et son
 troupeau.
     Avant la fête de Noël de 1103, venant de R.ome , il passa
 par Lyon , croyant toutefois n'y donner que quelques jours
à la reconnaissance et à l'amitié ; il se trompait ; Henri, crai-
gnant que le retour du primat en Angleterre ne contrariât
le cours de ses sacrilèges vexations , lui fit défendre de r e -
mettre le pied dans son royaume.
    Anselme recommença donc sa vie de prières et de z è l e ,
el Hugues ses habitudes de déférence et de dévoûment. Seize
mois se passèrent de la sorte , jusqu'à ce qu'enfin le pape et
Henri s'étant entendus sur les points en litige, Anselme fut
prié de revenir prendre possession de son siège. La récon-
ciliation fut sincère : Henri comprit le haut mérite du primat
lui donna toute sa confiance _, au point de laisser entre ses
 mains les rênes de l'état lorsqu'il allait visiter son duché de
 Normandie.
     Anselme vécut en gloire et en paix ; une seule affliction
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