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461 aucun arrangement préalable et définitif? D'ailleurs le séjour de notre ville n'offrait pas moins de développement à son zèle^ que la présence de Hugues de dédommagements à ses revers. Chose admirable ! on ne le traitait point à Lyon comme un étranger, mais comme un enfant de la même patrie ; non comme un inférieur , mais comme le maître et le sei- gneur du lieu. C'eût été assez de déférence de la part d'un ami, assez d'honneur pour un proscrit, que de le recevoir journellement à sa table et sous son toit. Hugues poussa la vénération plus loin encore que l'amitié : non content de lui céder en tout la place de distinction et se mettre humble- ment aux pieds de la chaire où Anselme adressait la parole au peuple., il voulut, quoique légat du Saint-Siège, n'agir que comme son subalterne et son suffragant ; il le chargea d'exercer dans son diocèse les fonctions archiépiscopales, « jusque-là même, dit un vieil auteur, qu'il en fit une or- donnance dans tout son ressort. » C'était sans doute au mo- ment où il songeait à régler son départ pour la croisade. Pou- vait-il se reposer du soin de son église sur un autre qu'An- selme ? ;;,,££ On vit donc, par un échange flatteur, le vénérable proscrit, prendre la houlette d'Irénée à la place de celle d'Augustin (1), partager avec notre prélat la primatie des Gaules, alors qu'un monarque impie lui ravissait la primatie d'Angleterre. C'est ainsi qu'en l'année 1100, ayant Hugues à sa droite, il présida un concile dans la petite ville d'Anse, où se trouvèrent qua- tre archevêques elhuitévêques. C'était lui qui faisait les dédi- caces des églises et les ordinations des lévites, lui qui conférait le voile aux vierges , lui qui enseignait, lui qui prêchait, lui qui donnait la confirmation. Parfois , lorsqu'il administrait ce sacrement, la foule qui se pressait autour d'Anselme était si (1) Saint-Augustin, apôtre d'Angleterre et premier archevêque de Can- torbérj.