Revue du Lyonnais » série 1 - n°4 ( 1836 ) » pp.417

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« gardé le ciel ; mais je suis persuadé que la charité , l'amitié ,
« l'amour, les plus douces vertus de l ' h o m m e , ne perdent
« jamais de vue cette voûte céleste d'où elles sont descen-
« dues ( i ) . »
    De quelle émotion vous êtes saisi lorsqu'en vous retournant
vous appercevez , à deux pas de distance, la chapelle et l'her-
 mitage du Mont-Cindre , formés d'une maison b a s s e , placés
 entre quelques arbres que la providence semble avoir jeté ça
 et là comme un ombrage hospitalier sur le sol brûlant de ce
 sommet. Cinq ou six ormeaux opposent leur verdure à la cou-
leur grise de la chapelle et de l'hermitage. Au-dessus du toit
applati de cette chapelle, s'élève une petite ogive, dans la-
 quelle une petite cloche se balance aux bouffées du vent.
Dans l'enceinte du m o n u m e n t , une lampe éclaire faiblement
pendant la nuit les ex volo et quelques tableaux aussi simples
que l'architecture de ce lieu. Un très-petit vaisseau, suspendu
à la voûte , dit que des matelots sont venus déposer leur of-
frande à Marie. Hélas ! oui , patrone des navigateurs, le salut
de ces infortunés fut plus d'une fois un miracle de votre bonté
divine ! A gauche , en sortant de l'église , on voit une porte qui
conduit à une petite terrasse qui s'étend sur le coté septentrio-
nal de la chapelle : un homme vit là ; c'est l'hermite avec sa
longue barbe b l a n c h e , son b â t o n , son chapelet, son ca-
puchon.
   Tel est ce monument qu'une pensée religieuse a placé là ,
loin des terrestres demeures ; les hauts sommets furent les
premiers autels. Celte colline, depuis quatre siècles, voit
fumer l'encens de la piété et entend la voix de la prière (2).
Qui pourrait dire les noms de tant d'obscurs solitaires qui
se sont succédés dans celle retraite , et qui de là ont eu à leurs
pieds le spectacle des orages du siècle , tout en s'applaudissant               •*
de l'abri qu'ils y avaient trouvé. De ce marche-pied du c i e l ,


  (1) Michaud , de l'Académie française.
  (2) La tradition fait remonter au 13e siècle rétablissement de l'hermitage.
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