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403 sait quel mot employer pour donner une idée d'une œuvre aussi étonnante, aussi colossale. Cette masse de rochers qui interrompaient le cours de la rivière , et en rendaient la navi- gation aussi impossible que périlleuse, a été coupée et creu- sée jusqu'à une profondeur de près de trois cents pieds ! La campagne s'offre ici en perspective à la ville, ce qui môle la ville et les champs d'une manière enchanteresse. Ce double tableau, peut-être unique sur la t e r r e , rappelle le double sou- venir de la vie guerrière et commerciale et des fêtes d'un peuple qui compte trop de malheurs dans les époques de son histoire. Le speclateur qui voit, du sommet du Mont-d'Or, L y o n à ses pieds, est flatté d'être devenu le point le plus élevé de tant de richesses, et l'orgueil les fait regarder avec plus de complai- sance; les regards plongent avec etonnement sur les deux grands fleuves qui coulent non loin de là : la rapidité du Rhône et la lenteur de la Saône forment encore un contraste frap- pant. « Le premier qui offre l'emblème de la guerre et des « discordes civiles, est un large torrent fougueux, que ne brave « pas toujours impunément la témérité de l'homme ; ses bords « sont déserts et silencieux, ses flots orgueilleux seuls reten- « lissent. La Saône, emblème de la paix, favorable à la cultu- « r e , aux a r t s , au c o m m e r c e , à l'industrie; des barques la « descendent et la remontent sans cesse (1). » Du point cul- minant d e l à monlagne on prend un plaisir secret à trouver petits des fleuves qu'on a vus si grands : dans cette vue perpen- diculaire du tableau, ces fleuves ne ressemblent plus qu'à des lignes géographiques tracées sur une carte. Si d'un côté du Monl-d'Or on admire les prodiges dûs à la puissance de la vapeur, qui r e m p l a c e , avec d'immenses avan- tages, les forces des h o m m e s , des animaux et des v e n t s , puis • que par elle les paquebots voguent et fendent l'onde malgré les courants et les tempêtes , d'un autre côté de la montagne j (t) Malte-Brun.