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320 en celui de Commission teviporairc. Par la position de cette r u e , des bâtiments très élevés masquaient à ces bourreaux la place des Terreaux où l'échafaud était dressé. Ils ordon- nèrent la démolition de ces maisons, toutes à cinq étages et bâties en pierres de taille , et menacèrent de la peine de mort si sous huit jours elles n'étaient pas abattues. Plus de deux cents locataires n'eurent que quelques heures pour déménager. Il fallait voir ce tableau : des femmes, des enfants avec des paquets sur le dos; d'autres traînant des fardeaux; les petits enfants attachés aux jupons de leurs mères. L'empire qu'ils exerçaient sur les habitants était t e l , que nul citoyen ne pouvait extraire aucun objet de son domicile. C'était avec des peines infinies qu'on parvenait à livrer son linge à une blanchisseuse. Il fallait un laissez-passcr de la Commission qui vérifiait d'abord les paquets; et si les effets étaient de quelque v a l e u r , ou le linge un peu fin, ils se les appropriaient, en disant que les aristocrates seuls pouvaient s'en permettre l'usage; que c'était au dessus des besoins du - régime de l'égalité, et qu'ils seraient plus utilement em- ployés en les destinant pour les défenseurs de la répu- blique. Cette Commission présidait et ordonnait les démolitions. Un arrêté qu'elle fit afficher indiqua les quartiers qui d e - vaient disparaître sous le marteau destructeur. Celte opé- ration devait être conduite avec la plus grande p r o m p - titude. Douze cents maisons devaient être renversées à chaque mois. Leur silence, sur le temps que devait du- rer ce travail , inquiétait tous les citoyens qui crai- gnaient qu'à la longue aucune maison ne fût épar- gnée. Lorsque cet arrêté eut été public à Paris, des citoyens qui se trouvaient au parquet du procureur de la Commune (Chaumetle) pour quelques intérêts particuliers, parlèrent sur cet arrêté , qu'ils dépeignirent comme très impolilique. Ruiner celte ville la plus forte et la plus riche de France par ses