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dans tous les âges, attachés deux à deux, traversent la ville, au
son d'une musique guerrière et arrivent aux BroUeaux. Une
allée bordée d'arbres, et sur les cotés de laquelle on avait
creusé des fossés parallèles pour recevoir les corps des morts
et des mourants, des soldats bordaient de chaque coté la ligne
et menaçaient du sabre et du fusil ceux qui auraient tenté de s'é-
carter de la direction horisontale que le boulet devait parcou-
rir pour.terminer leurs jours. Garoltés deux à d e u x , et à la
suite les uns des autres, les condamnés voient d'un coup d'œil
la tombe qui les a t t e n d , et les farouches exécuteurs qui s'ap-
p r ê t e n t à les y précipiter ; ils entendentla manœuvre du canon.
Quel raffinement de cruauté! on étend leur supplice au delà
même de la mort. Au milieu de ces terribles apprêts, les jeunes
gens offrent de concert et spontanément leurs derniers homma-
ges à leur patrie ; sans murmure et sans faiblesse , tous font
entendre ce généreux refrain :
                   Mourir pour sa patrie ,
             Est le sort le plus beau , le plus digne d'envie!
   Ils allaient le recommencer; l'horrible décharge vint les
interrompre. Les bouches d'airain ont vomi la mort           Mais
quedis-je? Plût au ciel qui l'eussent vomie! Le canon et la
mitraille dispersent dans les airs des membres fracassés et
laissent sur le champ du supplice un tronc douloureux. On
entend les cris plaintifs et les gémissements prolongés de ces
infortunées victimes. Elles conjurent leurs bourreaux de ter-
miner leurs souffrances. Elles invoquent une seconde décharge
plus sûre et plus meurtrière. Mais les malheureux n'ont pas
le choix du supplice. On leur envie jusqu'àla consolation d'une
mort prompte et dégagée des horreurs qui l'environnent.
Leurs convulsions ne sont pas à leur terme. Ces farouches
soldats, que ces juges bourreaux façonnent à toutes les exé-
cutions militaires, couvrent, p a r l e feu de leurs armes diri-
gées sur ses victimes, les plaintes et les gémissements qui
s'exhalent dans les airs. Ensuite le sabre à la main et la baïon-
nette en avant, ils s'avancent et plongent le fer dans le sein,