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314 dans tous les âges, attachés deux à deux, traversent la ville, au son d'une musique guerrière et arrivent aux BroUeaux. Une allée bordée d'arbres, et sur les cotés de laquelle on avait creusé des fossés parallèles pour recevoir les corps des morts et des mourants, des soldats bordaient de chaque coté la ligne et menaçaient du sabre et du fusil ceux qui auraient tenté de s'é- carter de la direction horisontale que le boulet devait parcou- rir pour.terminer leurs jours. Garoltés deux à d e u x , et à la suite les uns des autres, les condamnés voient d'un coup d'œil la tombe qui les a t t e n d , et les farouches exécuteurs qui s'ap- p r ê t e n t à les y précipiter ; ils entendentla manœuvre du canon. Quel raffinement de cruauté! on étend leur supplice au delà même de la mort. Au milieu de ces terribles apprêts, les jeunes gens offrent de concert et spontanément leurs derniers homma- ges à leur patrie ; sans murmure et sans faiblesse , tous font entendre ce généreux refrain : Mourir pour sa patrie , Est le sort le plus beau , le plus digne d'envie! Ils allaient le recommencer; l'horrible décharge vint les interrompre. Les bouches d'airain ont vomi la mort Mais quedis-je? Plût au ciel qui l'eussent vomie! Le canon et la mitraille dispersent dans les airs des membres fracassés et laissent sur le champ du supplice un tronc douloureux. On entend les cris plaintifs et les gémissements prolongés de ces infortunées victimes. Elles conjurent leurs bourreaux de ter- miner leurs souffrances. Elles invoquent une seconde décharge plus sûre et plus meurtrière. Mais les malheureux n'ont pas le choix du supplice. On leur envie jusqu'à la consolation d'une mort prompte et dégagée des horreurs qui l'environnent. Leurs convulsions ne sont pas à leur terme. Ces farouches soldats, que ces juges bourreaux façonnent à toutes les exé- cutions militaires, couvrent, p a r l e feu de leurs armes diri- gées sur ses victimes, les plaintes et les gémissements qui s'exhalent dans les airs. Ensuite le sabre à la main et la baïon- nette en avant, ils s'avancent et plongent le fer dans le sein,