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le prèlrc Laussel se distingua par son impudeur el son ava-
rice.
   Le 6 février 1793 , la scène change. Au club qui élait com-
posé de six cents furieux, Chalier qui en dirigeait tous les
mouvements , paraît, un poignard à la main , exige d'abord
que chacun prête le serment de garder le secret, et d'exécu-
ter ce qui allait être arrêté. Les prétendus complots des ri-
ches et des aristocrates furent d'abord mis en avant, et il fal-
lait, sans perdre un instant, les déjouer. Le moment des
vengeances était arrivé ; il ne fallait pas différer plus long-
temps de placer la guillotine sur le pont Saint-Clair (1) ; et
pour exécuter ce projet, les conjurés arrêtèrent d'abord de
se saisir de l'artillerie , de la braquer sur les principales ave-
nues , de former un tribunal semblable à celui du 2 septem-
bre de Paris. Neuf cents citoyens des plus riches, désignés
dans les listes rédigées par Chalier, devaient être immolés ,
et tous ceux dont ces assassins convoitaient les riches dé-
pouilles, leur succéder. On arrêta également de jeter les ca-
davres dans le Rhône. Sur l'observation d'un des assistants,
que le bourreau ne pourrait suffire, et peut-être se refuserait
à tant de meurtres , le procureur de la commune , Laussel,
leva la difficulté en invitant les conjurés à faire l'office de
juges et de bourreaux , en leur remarquant que pour guillo-
tiner un homme , il n'y avait qu'une ficelle à tirer. Plusieurs
des clubistes se présentèrent pour remplir cet affreux minis-
tère. Un d'eux proposa de ne pas les guillotiner, mais d'avoir
pour mol d'ordre d'exécution : Faites passer le pont à monsieur*
Ce peu de mots devait être le signal de son immersion dans
le Rhône. Plusieurs témoins ont déposé de ce fait lors du ju-
gement de Chalier. Le pillage de Lyon était arrêté par la
municipalité. Un de ses membres, que l'erreur environnait
alors, a confessé depuis, que le vol était à l'ordre du jour
dans toutes les séances secrètes de ces municipaux.

  (1) Le pond Morand.