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271 édifice était spécialement indiqué à la direction des bombes, des boulets rouges et des obus ; ( au milieu de tant d'horreurs, je frémis d'écrire celle-ci) ! c'était l'Hôlel-Dieu, un des monu- ments les plus remarquables du génie de Soufflot ; e t , ce qui le rendait plus précieux encore, c'était un témoignage de- ce que peut, pour le soulagement du malheur, l'esprit d'ordre dirigé par la charité chrétienne. Les assiégés prodiguant dans les hospices les mêmes soins aux nombreux blessés qu'ils avaient fait prisonniers , qu'à leurs propres malades ou bles- sés : touchante et inutile leçon que donnaient les Lyonnais aux commissaires de la Convention ; ceux-ci no manquaient jamais de faire fusiller les rebelles lombes en leur pouvoir. Les Lyonnais , quoiqu'ils eussent tant de fois éprouvé la fé- rocité de leurs ennemis^ ne pouvaient croire qu'ils eussent pré- médité l'incendie d'un hôpital. Ils élevèrent un drapeau noir au-dessus de l'Hôtel-Dieu ; c'était comme s'ils eussent dit : « Le hazard vous rend coupables d'un crime qui ne peut être dans votre pensée. N'achevez pas! dirigez ailleurs vos bombes. La mort entre sans vous dans ce lieu que le malheur rend sacré. « Mais Dubois-Crancé , qui feint de prendre le change, s'écrie, transporté de joie : « Les voilà donc qui arborent le drapeau de détresse ; ils sont à nous. » Il fait suivre aux bombes la di- rection du drapeau noir, et n'épargne pas les autres hôpi- taux qui lui sont indiqués. Cependant les assiégés font connaître à leur tour le fléau Belle r^si, de l'incendie à leurs barbares ennemis. Par les ordres de Lyonnaî Précy, trois hommes intrépides, MM. Bosquillon, Laurençot et Dujast, osent, en plein jour, traverser le Rhône, et sur des points divers mettre le feu aux vastes chantiers des as- siégeants. L'ennemi s'étonne de leur audace, il est déconcerté par le prompt incendie. Ou les poursuit; mais tous trois ont pu regagner le Rhône ; ils s'y jettent encore une fois, et ont le bonheur d'échapper à une grêle de balles , et le fleuve les rend à leurs concitoyens ravis de leur courage. L'un d'eux, M. Dujast, avait à peine vingt ans.