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223 Quoique M. Fay de Sathonay ne fermât pas les yeux sur les qualités de MM. Hotelard et Flacheron , la vérité est pourtant qu'il avait dans M. Gay une confiance toute particulière. M. Gay, formé à l'école de MM. Percier et Fontaine, avait rem- porté plusieurs fois, à Paris, le grand prix d'architecture : c'é- tait en outre un savant distingué, très versé dans l'archéologie et la littérature ancienne; c'était encore un homme de beau- coup d'esprit, poète au besoin, d'une conversation vive et pi- quante : à tous ces titres, il était infiniment agréable à M. Fay de Sathonay, et l'on prétend que le nouveau maire se plaisait souvent à né voir que par les yeux de son brillant protégé. Cependant, comme architecte, M. Gay n'était pas exempt de certains préjugés d'école. On lui a plusieurs fois r e p r o c h é , et avec raison, une partialité assez prononcée en faveur des monuments et des artistes de l'empire, et personne, mieux que l u i , ne devait savoir que le retour au bon goût, aux vrais principes de l'architecture, datait du commencement du r è - gne de Louis XVI, où Gondouin élevait l'école de médecine, Chalgrin l'église de Saint-Philippe du R o u l e , Rousseau l'hôtel de Salin, Heurtier le théâtre Italien, etLedoux les barrières de Paris. M. Gay semblait avoir oublié tout cela: aussi, trop peu en garde contre son goût dédaigneux, contre son esprit tranchant, cet artisle , d'ailleurs homme de m é r i t e , s'est-il souvent trompé. Une des premières opérations de M. Fay de Sathonay, en arrivant à la mairie, fut de s'occuper de l'affaire des façades, et de se faire présenter le projet de Thibière. Après l'avoir bien examiné, et cédant peut-être à quelques insinuations , à quelques avis intéressés, M. le maire crut devoir ordonner de nouveaux projets pour la réédification des façades, et il se hâta de les adresser au ministre de l'intérieur. Averti d e la démarche de M. le Maire , Thibière écrivit sur le champ au ministre. « Je viens d'apprendre, lui disait-il, que M. le Maire de