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454 LA REVUE LYONNAISE Puis, septembre viendra, suspendant à nos treilles Les grappes couleur d'ambre et les grappes vermeilles; Et tes vins à grands flots couleront des pressoirs. Tes vainqueurs, accourus à la grande curée, Par tes propres enfants te voyant déchirée, Ont dit : « Elle a parlé pour la dernière fois. » Vois... Rien n'a fait encor oublier tes défaites, Et le monde, en dépit des prétendus prophètes, Est, comme aux temps passés, attentif à ta voix. Tes envieux ont dit: « La féconde industrie, Les lettres et les arts, dans une autre patrie Se sont réfugiés, car la France n'est plus. .» Et, par toi conviés aux luttes pacifiques, Les peuples, entassant des richesses magiques, Ont fait, pour t'égaler, des efforts superflus. Oh ! si, laissant enfin toute vaine querelle, Tes enfants se tendaient une main fraternelle, Et, près de toi groupés, marchaient vers l'avenir; Oh ! si nous n'avions tous qu'une même pensée : Te rendre ta grandeur et ta gloire passée, Telle que les affronts ne la pussent ternir ; France, par les drapeaux de tes fils abritée, Tu reprendrais bientôt, puissante et respectée, Le rang qui t'appartient, et que le ciel te doit. N'as-tu pas de tout temps, sous la blanche bannière Ou sous les trois couleurs, ô sublime guerrière, Combattu l'injustice et lutté pour le droit? GERMAIN PICARD.