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450                  LA R E V U E   LYONNAISE
vieillesse sans ressources, des maladies douloureuses, des cha-
grins detoute espèce et la mort impossible à vaincre. »
    Les hommes qui se sont rendus coupables de fautes rémis-
sibles ne vont point en enfer; ils sont simplement condamnés à
renaître, conformément à la règle précédente.
    Ceux dont la somme des mérites l'emporte sur celle des méfaits
sont admis dans le paradis d'Indra qu'on appelle encore Souarga.
Ils jouissent là d'un bonheur matériel et passager-. Après l'expira-
tion du temps nécessaire pour les récompenser suffisamment, ils
reviennent sur la terre sous des formes éminentes et dans des con-
ditions favorisées. Mourir en combattant pour le roi, faire le bien,
mais sans avoir une connaissance parfaite de la divinité; accom-
plir cent fois le sacrifice du cheval : tous ces mérites incomplets
donnent droit au paradis d'Indra.
    Ceux-là seuls qui sont arrivés à la perfection ici- bas, ob-
tiennent sans transition et sans renaissance le paradis suprême et
 immatériel où leurs âmes s'absorbent dans le sein de la divinité.
 Ce paradis s'appelle Mokcha. La perfection est rare au sein de
 l'humanité, aussi y a-t-il beaucoup d'appelés et peu d'élus.
    Une des conséquences de ce système est d'attacher le sceau d'un
jugement divin à chaque condition d'existence ici-bas. Si on est
 malheureux, infirme, de caste vile, c'est qu'on a été coupable; si
 on est heureux, bien portant et de haute caste, c'est qu'on a été
 méritant. Cette responsabilité étrange, remontant à une vie qu'on
 ne se souvient pas d'avoir menée, explique pourquoi, dans l'Inde,
 les maladies et les infirmités, quelles qu'elles soient, excitent tou-
 jours une certaine répugnance; elle explique aussi pourquoi le
  Brahme a tant d'orgueil et le paria tant de résignation.
     Manou a écrit là-dessus quelques lignes curieuses :
     « Pour des crimes commis en cette vie ou dans une existence
  précédente, quelques hommes au cœur pervers sont affligés de
  difformités ou de maladies. [Celui qui a volé de l'or à un Brah-
  mane a une maladie des ongles ; le buveur de spiritueux, les dents
  ne ires.
     « Le meurtrier d'un Brahmane est phtisique; l'homme quia
  souillé le lit de son maître spirituel est privé de prépuce.
     « Celui qui se plaît à divulguer les mauvaises actions a une odeur