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436                  LA REVUE      LYONNAISE
sur la terre. LeSoudra, destiné à vivre dans l'abjection et la dépen-
dance, vient après l'éléphant et le cheval dans la hiérarchie des
créatures. »
   « Un Soudra ne doit pas amasser de richesses superflues, même
lorsqu'il en a le pouvoir, car il s'exposerait a vexer les Brahmanes
par son insolence. »
   « Que les Brahmanes allouent au Soudra des moyens d'existence
suffisants dans leur maison; qu'ils lui donnent le reste du riz
apprêté, les vêtements usés, le rebut des grains et les vieux
meubles. »
    « Un Brahmane dans le besoin peut s'approprier le bien d'un
Soudra, son esclave, sans que le roi doive le punir, car un esclave
ne possède rien dont son maître ne puisse s'emparer. »
   Par une étrange interversion des rôles, ce sont les descendants
de ces Soudras abjects qui prélèvent aujourd'hui sur leur superflu
de quoi faire la charité aux Brahmes pauvres et qui les hébergent
dans de vastes chaudries aux portes de la ville. Ceux- ci les en r é -
compensent en chantant leurs louanges et en leur distribuant des
 bénédictions bien dépréciées. Telle est ici la décadence de cette
classe qu'elle n'a même plus le monopole du sacerdoce. Un grand
 nombre d'Indiens, entre autres les Vellajas, se servent de prêtres
 pris dans leur sein pour les cérémonies des naissances, des ma-
 riages, des funérailles et des purifications. Cette espèce de prêtrise
 bâtarde, qui paraît être d'institution assez moderne, se transmet
 héréditairement dans quelques familles. On a cherché à en justifier
la légitimité par des passages du Maha-Bharala        et du Bagavata-
 Pourana où il est dit que des Brahmes, ayant perdu la connais-
 sance des vérités sacrées, ont demandé à des Soudras d'être leurs
 Gourous (directeurs spirituels). Il est pourtant nécessaire de faire
 observer qu'aux Brahmes seuls appartientle droit de lireles Viéclas.
 Les prêtres dont je viens de parler n'en peuvent lire que des com-
 mentaires. Aux Brahmes seuls, et même à une classe restreinte
 d'entre eux, appartient aussi le droit d'officier dans les pagodes
 et de fixer par des mantrams (prières secrètes) les divinités dans
 les statues. Ce sont eux encore qu'on a l'habitude d'appeler à Pon-
 dichéry pour célébrer les mariages de quelque importance. Autre-
 fois les classes sacerdotale, militaire et commerçante portaient le