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M. ARMAND DE P O N T M A R T I N 403 mie, une honnêteté courtoise et une familiarité aimable. Au lieu d'un pédagogue dissertant du haut de sa chaire, nous trouvons un critique homme du monde, un gentilhomme amoureux des lettres et aimé d'elles, qui réunit, chaque samedi, autour de son fauteuil, un cercle de jeunes gens et de spirituelles femmes, pour leur faire admirer l'esprit des autres, en leur servant par mé- garde un peu du sien. Avec M. de Pontmartin, on se sent à l'aise» on peut tousser sans craindre ses regards obliques, on peut causer avec son voisin sans redouter la férule, on peut rire tout haut, si cela vous fait envie, sans avoir besoin de s'étouffer dans son mou- choir. Tout autre était M, de Sainte-Beuve. Outre qu'il vous regardait un peu comme des polissons qui cachent des sifflets dans leurs poches et vous traitait comme des illettrés pour qui il est nécessaire de hacher menu la leçon, il semblait toujours porter une toque menaçante et des lunettes sur le nez. Son geste paraissait gêné par les entournures d'une robe et sa voix aigrelette par l'exiguïté d'une salle. Ce que je dis du prince, on pourrait le dire du courtisan. M. Sarcey ne peut faire mieux que d'imiter M. de Sainte-Beuve, mais qu'il choisisse au moins parmi ses défauts. Oui, me direz-vous, mais M. de Sainte-Beuve avait de l'esprit jusqu'aux ongles. Je ne sais pas jusqu'où M. de Pontmartin peut en avoir, mais soyez sûrs qu'il en a. Ce n'est pas le même, je l'avoue, mais l'esprit n'est qu'un léger vêtement qui prend la forme de celui qui le revêt. M. de Sainte-Beuve l'avait fin, ténu même, riche en petites malices qui piquaient comme des pointes, légèrement voltairien, en ce sens qu'il ne cessait jamais de percer le ballon des graves philosophes et la douillette des bons abbés. J'ai dit que M. de Pontmartin avait de l'esprit; il aurait plutôt de Yhumour, de l'entrain, une verve éclatant en un feu d'artifice de bons mots, d'idées imprévues, de surprises, étincelant en un badinage traversé de drôleries et d'éclats de rires. Sa franchise naturelle l'éloigné des réticences et. des sous-entendus. Sa phrase n'a pas de ces coins perfides, de ces replis obscurs dont Sainte- Beuve se servait si adroitement pour loger ses venimeuses r a n - cunes. Il l'écrit comme elle lui vient, sans la torturer, sans la crisper, sans la réduire en riens joli», sans l'éparpiller en pail- lettes. Son sourire n'est pas le sourire narquois et railleur qui