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LE DERNIER ROMAN DE M. DAUDET « Mœurs parisiennes ! » Flamboyant sur une couverture jaune, ce sous-titre réjouit le binocle du boulevardier campé devant une vitrine de libraire. La pluie tombe, le gaz tremblote dans le brouil- lard. Il fait froid, il fait noir. La nuit dernière, le cercle vous a soulagé d'un certain nombre de louis. Allons! pour changer, on se paiera une soirée intelligente. Autant de pris sur le décavage im- minent, le rhumatisme futur. On entre, on achète, et voilà qu'ap- paraît devant vous ce Paris, tour à tour adoré et exécré, mais qu'on ne peut se décider à fuir. Fromont et Risler obtient le prix Montyon ; Jack humecte d'autres yeux que ceux de votre portière ; Le Nabab s'affirme aussi millionnaire d'intérêt que d'argent; Numa Roumestanl proclame par plus de trente mille le chiffre de son tirage. Mais, si le sous-titre est alléchant, s'il doue un livre d'un pres- tige accepté ou subi au moins en deçà des fortifications, il a ses nécessités et ses exigences. Il limite rigoureusement le champ lit- téraire dans lequel l'auteur, paladin brillant, doit caracoler et vaincre. Vous annoncez du parisianisme, nous attendons du parisianisme -, non pas du parisianisme de surface, tel qu'il i Nwma Roumestan, mœurs parisiennes, par ALPHONSE DAUDET, un vol., Paris, 1881, G. Charpentier. NOVEMBRE 1881.— T. II. 21