page suivante »
270 LA REVUE LYONNAISE Marie de Médicis obtinrent la souveraineté, et il y avait si peu de sympathie entre ces deux familles de même nom, qu'en 1512, les Médicis cadets favorisèrent une conspiration ourdie en vue de sup- planter la branche aînée. Marie de Médicis n'avait donc aucun motif de haine contre les Pazzi conspirateurs de 1478. M. de Va - lous a même rappelé une particularité curieuse qui prouve que la jeune princesse, bien loin d'éprouver un sentiment de répulsion contre les Pazzi, devait au contraire être animée d'une vive sympathie pour tout ce qui évoquait le nom de cette famille. A l'é- poque même où le fait en question se serait passé, vivait une sainte religieuse, Jeanne de Pazzi qui mourut en 1601, avec uu renom universel de sainteté et qui fut béatifiée en 1657. Or, les annalistes contemporains rapportent que lorsqu'il fut question de son mariage avec Henri IV, Marie de Médicis se rendit auprès de la sainte pour solliciter le suffrage de ses prières en faveur de la réussite de ce projet d'union. Il est donc inadmissible de supposer qu'au moment même où la jeune princesse venait de voir se réaliser son voeu le plus cher par l'intercession d'une Pazzi, elle se fût offensée de lire ce nom sur un monument, et eût, oublieuse d'un si grand bienfait, fait mutiler le tombeau des parents de celle dont elle avait réclamé et obtenu l'appui auprès de Dieu. Il faut donc écarter absolument l'attribution hasardée si mal à propos par le P. de Golonia. Doit-on accorder plus de crédit à l'hy- pothèse proposée par l'auteur anonyme de la notice manuscrite ? 11 n'y eut parmi les Florentins établis à Lyon, que trois familles qui, par le rôle actif qu'elles jouèrent dans les conspirations con- tre les Médicis, auraient pu motiver le ressentiment de la nouvelle reine de France : ce sont les Gapponi, les Strozzi et les Albizzi, Mais les premiers avaient leur sépulture dans le couvent des F r è - res-Prêcheurs. Il en est de même des Strozzi. Ceux-ci d'ailleurs, naturalisés Français, avaient rempli de hautes charges militaires dont le souvenir était trop récent pour n'avoir pas atténué, chez la jeune épouse de Henri IV, le ressentiment qu'on lui attribue. Quant aux Albizzi, on trouve bien l'un d'entre eux mêlé avec les Strozzi et les Pazzi à la conspiration de 1537 ; mais il faut consi- dérer que le même personnage avait, vingt-cinq ans auparavant, conspiré en faveur des Médicis qu'il attaquait alors. On ne doit pas