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LE MARIAGE DE S É V E R I N E 261 faute ; il ne me reste plus qu'à régler ce compte-là avec le sieur Chauret. — Que voulez-vous dire? répliqua vivement Mme Evrard. Son- geriez-vous à l'aller provoquer sur un simple soupçon? Enadmet- tant'même qu'il eût pris part à l'espionnage dont vous avez été l'objet, quelle preuve matérielle pouvons-nous invoquer à l'appui des faits dont nous le croyons coupable? Aucune. Croyez-moi, laissez accomplir votre mariage que M. Lefort maintenant ne sau- rait empêcher. Ne faites rien surtout qui puisse lui donner à penser que vous connaissez le nom de la mère de Clémence, celui de l'homme pour lequel sa femme l'a trahi, ef laissez, pour toute puni- tion, Chauretet Mme Lejarrois être les témoins impuissants et h u - miliés de votre bonheur. Vous leur devez d'ailleurs un peu de reconnaissance, ajouta la jeune femme en riant : s'ils ne s'étaient pas avisés de se mêler de vos affaires, elles ne seraient peut-être pas en aussi bon chemin. » Maurice eut quelque peine à promettre à son amie de faire ce qu'elle lui demandait, il finit cependant pas se laisser convaincre. Après avoir appris à Séverine ce qu'elle pouvait lui révéler de l'histoire de Clémence, devenue Mm6 Buisseret, Clotilde, d'accord avec sa jeune amie, avait écrit à Maurice de rentrer à Paris, et celui-ci, nous l'avons vu, ne s'était point fait attendre. Heureuse de cet empressement, M1'0 Lefort, en quittant d'Artannes à la porte de M"" Evrard, se fit conduire chez elle et alla trouver immédiate- ment son père. Il était seul. « Mon père, lui dit-elle avec déférence mais avec fermeté, vous m'avez souvent marqué le désir de me voir mariée. Vous avez poussé la bienveillance, j'ai cru le comprendre du moins, jusqu'à me laisser maîtresse de mon choix. Je viens vous demander la permission d'épouser M. Maurice d'Artannes. » Aux premiers mots de sa fille, le banquier s'était attendu au coup; il ne laissa rien paraître de son trouble et répondit :' « M. d'Artannes a fait faire récemment auprès de moi une. dé marche que je n'ai point accueillie. — Oserai-je, mon père, vous demander pourquoi? — Parce qu'il n'a aucune fortune, parce que, j'en suis fâché