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LE MARIAGE DE S É V E R I N E 255 rents. Fernand Chauret, envoyé aux informations, lui apprit que le comte d'Artannes était parti également, et se trouvait à Melun chez M. Buisseret, notaire. La veuve se persuada que, si Maurice s'éloignait, c'est qu'il avait perdu tout espoir d'épouser Séverine. Elle entrevit de nouveau la possibilité de devenir la comtesse d'Artannes. Mais qui pouvait être ce M. Buisseret dont elle n'avait jamais entendu parler ? et pourquoi Maurice était-il allé chez lui plutôt qu'ailleurs? Dans le désir de s'éclairer là dessus, et de faire servir à la réussite de ses projets ce qu'elle pourrait apprendre, elle se rendit à Melun dans le plus strict incognito. Quinze jours après, elle était de retour à Paris, et se hâtait de convoquer Fernand chez elle. Les renseignsments de Mme Lejarrois étaient exacts. Glotilde était partie jugeant convenable de s'éloigner pendant un cer- tain temps de Séverine, pour ne pas être accusée d'entretenir chez la jeune fille le souvenir de Maurice. Quant à ce dernier, après avoir appris le refus de M. Lefort, refus dont son amie lui avait tu naturellement le véritable motif, il s'était considéré comme séparé à jamais de Séverine. Afin d'échapper aux cruelles pensées qui l'obsédaient, il résolut de s'éloigner pour quelque temps. Une œuvre plus importante que celles qu'il avait jusqu'à ce jour données au public, et à laquelle il lui fallait mettre la der- nière main, réclamait tous ses soins et pouvait lui offrir une distraction efficace. Il alla donc s'installer chez M. et Mm0 Buis- seret, qui lui firent la réception qu'on devine et s'ingénièrent pour lui rendre leur maison agréable; Depuis dix-huit mois qu'ils étaient mariés, ils avaient mis le temps à profit. L'étude, entièrement payée, prospérait entre les mains du jeune notaire. Son zèle, son intelligence, sa probité avaient doublé la clientèle ; et enfin Clémence était mère d'un gros garçon que la bonne Mm° Gherrault passait son temps à promener et à ad- mirer. Le spectacle du bien que nous avons fait en est la meilleure ré- compense : Maurice l'éprouva pleinement. A la vue de cet intérieur si calme et si uni, sanctifié par le travail, égayé par l'amour, béni parla maternité, il sentit peu à peu se rasséréner son âme, et y suc- céder à ce que sa douleur avait d'aigu une douce mélancolie. «Ah!