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248                 LA R E V U E LYONNAISE
le dire en passant, ce sont ces animaux dont Noé, plus tard, fait
entrer deux couples dans l'arche, pour les sauver du déluge et
les conserver à l'humanité. C'est la seule interprétation possible
de ce texte. Croire que Noé a emmené et sauvé avec lui toutes les
espèces d'animaux sans exception, même les animaux féroces et
venimeux, serait vraiment pousser trop loin le credo quia absur-
 dum, et lui sacrifier Yobsequium rationabile que recommande
saint Paul. On souffre quand on voit certains apologistes du chris-
tianisme, ceux par exemple que résume M. l'abbé Daras, s'épuiser
en calculs minutieux pour justifier la possibilité de cette interpré-
 tation inacceptable. Quant à la place du Paradis terrestre, elle
 semble indiquée, par la géologie comme par la tradition, en Asie,
 dans la région d'où sortent encore le Tigre et l'Euphrate, deux des
 quatre fleuves nommés dans le texte sacré.
  Adam était soumis à une épreuve. M. de Rosemontfait remar-
quer que, sorti tout nouvellement des mains de son créateur, il
avait avant tout à faire acte d'assimilation, à manger et à s'ins-
truire, selon une certaine règle. De là le caractère de son épreuve
et de sa faute. Plus tard, quand l'œuvre importante est de perpé-
tuer la race, nous voyons les prescriptions divines et les fautes des
hommes porter sur les rapports sexuels. C'est par là que l'Écriture
explique le déluge.
   L'état physique, moral et intellectuel d'Adam avant son péché,
la mesure de ses connaissances et de sa liberté, sont traités par
M. de Rosemont dans plusieurs longs chapitres pleins de vues inté-
ressantes. La faute par laquelle il perdit son immortalité, et partant
sa santé, qui le condamna à un dur travail, et sa femme à un en-
fantement douloureux, eut aussi sur son âme des conséquences
désastreuses. Mais en outre, elle modifia l'état moral et physique
de ses descendants. Le règne de la sainteté fut non pas détruit,
mais suspendu, puisque, d'après l'Écriture, les Justes de l'ancienne
loi n'entrèrent au ciel qu'après la mort du Rédempteur.
   Cette déchéance fit tomber Adam au rang des hommes du sixième
jour. Ses enfants, recevant la vie après la faute de leur père,
reçurent une vie amoindrie, une personnalité privée de la grâce.
Enfin, l'humanité du sixième jour ne reçut pas la sanctification que
Dieu lui destinait, ou du moins elle dut l'attendre plus longtemps'