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202 LA R E V U E LYONNAISE jour il est pris de remords, trouve que eela coûte les yeux de la tête, part en guerre selon sa coutume décommande les canards, comme on dit dans je ne sais quel vaudeville,, et coupe son Gruas par delà pierre blanche au beau milieu d'un étage. Possible que le Cruas fût trop cher, mais il eût peut-être mieux valu s'en aperce-, voir avant que de commencer. Son impétuosité lui joua plus d'un mauvais tour. Parmi les pro- jets présentés par un des architectes du syndicat, se trouvait une façade dont la partie milieu était plus élevée d'un étage, ce qui donnait de la silhouette. Pour obtenir des étages moins écrasés, l'architecte avait, pour la partie milieu, dépassé la hauteur fixée par les règlements de voirie. Il en prévint Poncet, expliquant que, tenant les ailes beaucoup en dessous de la hauteur réglementaire, il croyait que le règlement pouvait s'interpréter dans le sens d'une moyenne hauteur. Poncet, qui avait ce jour-là le bonnet tourné du bon côté, se montra extrêmement satisfait, et s'adressa au voyer principal qui, précisément se trouvait présent. Le voyer répondit avec bienveillance que, quant à lui, il n'y apporterait aucun obs- tacle. Mais, bien entendu, le voyer n'engageait que lui, non l'ad- ministration, ni même son supérieur hiérarchique, l'ingénieur en chef de la voirie municipale. La prudence vulgaire conseillait donc de régler la chose en faisant approuver régulièrement le projet, ce qui eût été facile. On le négligea. La maison s'achève, se couvre. Un jour, arrive un avis de l'ad- ministration, invitant à démolir pour se conformer aux règlements de voirie. Fureur de Poncet qui, avant tout éclaircissement, avant d'avoir vu personne de l'administration, « décommande » encore cette fois «les canards », et fait diminuer du nécessaire, un hon tiers, le dernier étage de la maison en face, faisant pendant, qu'on était en train d'élever. 11 gâta ainsi un étage, non seulement « au point de vue de l'art », ce qui était peu de chose, mais « au point de vue du rendement », ce qui était beaucoup plus grave. Heureusement pour la maison déjà bâtie, l'architecte eut occa- sion de voir Poncet à quelque autre propos. Celui-ci de saisir l'oc-