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BIBLIOGRAPHIE 167 M. de Rosemont met en regard de ce texte, les vues nouvelles que la science actuelle nous ouvre, sur cette mystérieuse période de l'histoire du monde. Il montre Moïse procédant par éliminations successives, depuis l'ensemble des choses créées jusqu'à l'homme. Et'd'abord le ciel, c'est-à -dire le monde immatériel et les êtres spirituels, les anges, dont dès lors iln'est plus parlé; puis la terre, c'est-à -dire la matière à son état primitif, inerte et vide, c'est-à - dire qu'aucune force ne mettait en mouvement, et qu'aucune forme déterminée ne différenciait. C'est la matière à l'état libre, analogue peut-être à ce que l'illustre physicien anglais, M. Crookes, a ré- cemment appelé matière radiante. C'est par le « Fiat lux » que la force ouïe mouvement, ce qui est la même chose, ont fait passer laj'matière de l'état monomorphe à l'état polymorphe. La science moderne a démontré que la lumière est mouvement, et que le mouvement se transforme en toutes les forces actives de la matière inorganique, chaleur, son, action chi- mique, etc. Ce texte fiât lux était inexplicable tant qu'on' croyait que la lumière dépendait du soleil et ne pouvait exister sans lui. L'Eglise faisait un grand acte de foi en le maintenant malgré cette absurdité apparente qui semblait condamner toute la révélation mosaïque. Aujourd'hui, la prétendue-absurdité ne pourrait s'expli- quer dans l'historien sacré, que par une intuition plus merveilleuse que le miracle lui-même; et cette justification imprévue laisse entre- voir les clartés que nous réservent probablement les points encore obscurs dutexte, lorsque les découvertes successives de la science en auront dévoilé le mystère. La lumière ou la force n'a pas été créée, elle était en Dieu. C'est ce que Moïse appelle spiritus Dei. M. de Rosemont fait remarquer, dans le texte sacré, l'emploi différent des mots creavit et fecit, qui correspondent à deux mots hébreux non moins distincts. Dans le premier cas, il y a création réelle, eoc nihilo, comme pour la ma- tière, et, nous le verrons, pour la vie, qui sont deux essences diffé- rentes, comme parle saint Thomas. Dans le second cas, il y a simple arrangement, modification, transformation. M. de Rosemont voit ici la clef de la question, si controversée aujourd'hui, du transformisme. L'œuvre du deuxième jour, le firmament, et ce que Moïse ap-