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                     LÀ LÉGENDE D ' Œ D I P E                     123

    « Un jour, Pilate, jetant les yeux sur un jardin placé sous son
balcon, se sentit pris d'un irrésistible désir démanger des pommes
 qui s'y trouvaient. Judas s'empresse d'aller en cueillir. Un vieil-
lard, propriétaire du jardin, veut l'en empêcher; il le tue d'uncoup
 de pierre. Personne ne soupçonne qu'il y ait eu crime, et Pilate, en
 sa qualité de suzerain, dispose en faveur de Judas des biens et de la
personne de la veuve qui n'était autre que Gyborea. Judas se trouve
 ainsi avoir tué son père et épousé sa mère. Un jour que celle-ci
 gémissait profondément, Judas lui demanda ce qu'elle avait : « Mal-
heureuse que je suis, s'écria-t-elle, j'ai noyé mon fils, mon mari
est mort, et dans mon affliction, Pilate m'a mariée contre ma vo-
lonté ». Judas devient pensif, et bientôt, après de nouvelles ques-
tions, il est convaincu de la triste vérité. Pressé par le remords et
voulant réconforter sa mère, il vasejeteraux piedsde Jésus-Christ,
lui avoue ses crimes, et devient son disciple et son trésorier. Mais
son naturel reprenant le dessus, il volait sur l'argent que l'on don-
nait au Christ et sur celui qu'il était chargé de distribuer aux pau-
vres. C'est pour se dédommager de la perte des trois cents deniers
qu'on aurait pu retirer de la vente du parfum répandu par Made-
leine, et sur lesquels il aurait pu prélever la dîme, qu'il vendit son
maître pour la somme de trente deniers ».
    On le voit, le rapprochement est des plus curieux.
    Cependant la légende de Judas ne devait pas devenir populaire .
La vénération qu'inspirait l'Evangile s'y opposait. Mais l'histoire
d'Œdipe ne s'en répandit pas moins dans les masses. Plusieurs
 peuples eurent des contes où l'on retrouve, avec les additions et
les modifications inévitables, la légende du héros thébain.
    Stace et Sénèque sont les derniers écrivains de l'antiquité qui
aient traité le sujet d'Œdipe. Avec eux la légende est complète,
 mais ils ne l'ont ni transformée, ni augmentée. Ce sont de simples
échos qui rendent fidèlement ce que la Grèce leur a donné. Si les
contes auxquels je viens de faire allusion et dont je ne cite aucun,
parce qu'il faut savoir se borner, ont répandu la légende d'Œdipe
dans les masses en l'adaptant au génie particulier de chaque peuple,
ce fut grâce à l'auteur de la Thébaïde qu'elle conserva sa forme
littéraire.
  : Le moyen âge faisait peu de cas des auteurs profanes. Toute étude