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102 LA R E V U E LYONNAISE d'être le fils, d'un « cul de piau ». Un cul depiau, les Lyonnais le savent, c'est un marinier, dont Montmerle foisonne. J'imagine qu'ilse vantait unpeu à rebours et que, pour atteindre le « cul de piau », il faudrait remonter jusqu'au grand-père, car il avait été élevé dans un pensionnat où l'on n'élevait guère de fils de mariniers, le pensionnat Bailly, aujourd'huil'institution du Verbe - Incarné, dirigée par M. Guillard, et si connue à Lyon. Je ne sais où il apprit le dessin, ni même s'il en apprit beaucoup. Le certain, c'est qu'il ne passa pas par l'école de Saint-Pierre. Il n'avait du reste, aucune prétention à l'art. En 1824, tout jeune homme, il entra commis chez le père Falconnet, architecte, que tous les vieux Lyonnais ont connu, qui était de la génération des Dal- gabio, des Farfouillon le père, des Seitz, et le plus grand faiseur d'expertises qui fut oncques, en ces temps fortunés où, fût-ce pour la moindre vétille, les experts n'allaient que par trois. Falconnet, Dalgabio, Farfouillon étaient toujours nommés ensemble. On pré- tend qu'ils se divisaient ainsi la besogne : l'un faisait le plan, l'autre rédigeait le texte et le troisième commandait le dîner. Il est vrai que c'est de cette mauvaise langue de Savoye que je tiens le propos. Le père Falconnet était un praticien expérimenté, maisun simple praticien. Or les jeunes gens, encore que parfois ils ne sachent rien, font volontiers des gorges chaudes des anciens, surtout si ceux-ci n'ont pas d'études artistiques. On racontait donc qu'un jour, chez le père Falconnet, on dut agiter la question de savoir si l'on devait ou non canneler les colonnes « gothiques ». Le père Fal- connet, embarrassé pour prendre une décision si grave, fit appel aux lumières de son commis. Le résultat de la délibération fut l'affirmative. L'historiette est drôle, mais elle n'est peut-être pas mot d'évangile. En toute occurence, Poncet n'en était pas un des héros, car il ne fut jamais premier employé. Il quitta Falconnet en 1833 ou 1834 pour voler deses propres ailes, et il fut d'abord chargé par M. Du- pont de la Tuilerie d'achever sa maison, commencée sous la direc-