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54               LAI R E V U E L Y O N N A I S E
     Et, malgré ses efforts impuissants, l'y coucha.
     La prêtresse plongea d'une main assurée
     Son couteau dans les chairs, puis elle se pencha
     Et regarda sortir le sang de la blessure.
     Quand le rouge filet coula plus lentement,
     Elle se redressa, dénoua sa ceinture,
     Et, laissant à longs plis flotter son vêtement,
     L'œil hagard, les cheveux lui tombant sur l'épaule,
     Debout sur le dolmen, elle invoqua les dieux :
     Teutatès l'incréé, protecteur de la Gaule,
     Hésus, qui dirigeait les combats des aïeux.
     Elle saisit sa harpe, et, de sa main fiévreuse,
     En tira, tour à tour, de funèbres accords,
     Un chant de gloire ; enfin d'une voix caverneuse
     Elle parla... L'esprit avait dompté le corps.

         « Partout du fer, partout desflammes!
         « L'aigle plane sur nos cités.
       « L'étranger bravant nos dieux irrités,
       « Frappe les guerriers, outrage les femmes,
       « Et foule vainqueur nos champs dévastés.

           « Un héros est roi de la guerre ;
           « Sa voix apaise les débats,
         « La Gaule se lève et court aux combats...
         « Un sang odieux a rougi la terre
         « Et Rome à son tour pleure ses soldats. »




                                V

     — « Elles les pleurera, femme, je te le jure,
     « Et qu'Hesus, dit le roi, vienne en aide au proscrit ! »

     La harpe résonna sous une main plus sûre,
     Et sur un ton plus haut la prêtresse reprit :