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    LE MARIAGE DE SÉVERINE


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    Le comte d'Artannes, issu d'une des meilleures familles de
l'Anjou, était entré de bonne heure au service. Son avancement
avait été rapide, grâce un peu à son mérite personnel, et beaucoup
à des relations habilement choisies et à l'adresse dont il avait tou-
jours fait preuve pour tirer parti des circonstances Bien de sa
personne, causeur aimable, convive plein d'entrain, fin connaisseur
en chevaux et en objets rares, ami du luxe sous toutes ses formes,
il eut beaucoup de succès dans cette société affolée de plaisir et de
bruit qui tint le haut du paré sous le sacond empire, et il s'y montra
fort assidu autant pour son agrément que pour son intérêt. Son
nom était d'ailleurs de ceux que les gouvernements fraîchement
établis s'attachent volontiers, quand ils le peuvent, afin que tout
 ne soit pas trop battant neuf dans leur entourage ; aussi parvint-il,
jeune encore, au grade de général, et obtint-il à Paris une agréable
 sinécure dont les émoluments suffisaient avec peine à ses goûts
 fastueux.
    Marié au début de sa carrière, sa femme était, morte en donnant
 le jour à un fils ; et comme, à l'entendre, il n'avait ni les loisirs né-
 cessaires ni les talents requis pour s'occuper lui-même de l'éducation
 de cet enfant, (il ne s'abusait pas, au moins sur le second article),
 le jeune Maurice fut mis le plus tôt possible dans un collège où il ne
 perdit pas plus son temps que la majorité de ses camarades. Pour