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2 LA REVUE LYONNAISE leurs œuvres théâtrales Shakspeare ait écrit des sonnets,Corneille et Racine de pieux cantiques, Gôthe son Divan, Schiller des bal- lades : il n'en est pas moins certain qu'il y a une sorte d'incom- patibilité naturelle entre l'auteur qui nous communique ses im- pressions yraies et l'écrivain qui, en employant des personnages fictifs, cherche par leur entremise à provoquer notre rire ou nos larmes. Quoi qu'ilen soit, Hugo, de tout temps, aspira aux triomphes si flatteurs de la scène. A quatorze ans, par un passe-temps cher aux écoliers d'autrefois (ceux d'à présent ont des visées plus pra- tiques), il bâtissait une tragédie classique sous le titre ronflant à 'Irtamène, dont on nous a conservé le plan.' Beaucoup plus tard, en février 1828, à l'Odéon, en collaboration avec son beau-frère PaulFoucher qui signa seul, il donna un mélodrame, Amy'R'obsart, tiré du Château de Kenilworth de Walter Scott. Ce fut pour lui l'occasion de faire de bonne heure l'apprentissage des sifflets du parterre, et d'un parterre d'étudiants encore! Il se releva dans l'estime du public par son drame de Crormoell, imprimé dès 1827, dont la préface est demeurée célèbre, et qui était destiné à servir de preuve à ses théories artistiques. Ces théories pouvaient se ré- sumer dans des formules passablement absolues : « Tout ce qui est dans la nature doit être dans l'art ; le drame résulte de la combi- naison du'sublime et du grotesque et il est l'unique expression de l'époque moderne. » Non seulement le romantisme prochain, mais le réalisme et le naturalisme futurs étaient là en germe. Jamais Hugo n'eut l'espérance de voir jouer son Cromwell ; les propor- tions énormes qu'il y avait données à i'actioh s'y opposaient com- plètement : dans ces derniers temps, il a cependant parlé de l'abré- ger pour le faire représenter. C'était du moins une étude historique assez exacte, très facilement rimée, où la grande figure du pro- tecteur de l'Angleterre était mise en un jour singulièrement diffé- rent de celuisous lequel Bossuet l'avait montré dans son immortelle Oraison funèbre iVHenriette de France. Les unités de temps et de lieu n'y étaient point observées ; le laid et le beau, le sérieux et le comique y étaient mélangés suivant les préceptes de l'école nouvelle. Les tirades enflammées de Milton et des chefs puritains y alternaient avec les madrigaux quintessenciés deRochester et avee •