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                        LA PRÉC0N1SATI0N                       483

 cette tourbe maugréant, vociférant, retournait dans ses
 clapiers vers la porte de Saint-Georges, autour de l'hôpital
 de Notre-Dame-de-Pitié, vers la rue du Bessal, et la rue
 des Rolland et les ruettes avoisinant le Gourguillon. Plu-
 sieurs fois par semaine, avaient lieu des distributions de ce
 genre qui entretenaient singulièrement la mendicité déjà trop
 soutenue par les dons quotidiens en nature délivrés à la
porte de chaque couvent. Il y avait la un encouragement
permanent à la paresse, à la débauche et au crime. Et dans
les temps de guerre et de famine, cette population dange-
reuse prenait un accroissement qui la rendait redoutable.
    Les habitants dont les portes étaient assaillies se gar-
daient avec les plus grandes précautions. En dépit des
 ordonnances municipales, certains quartiers ne pouvaient
 être traversés sans danger.
    Plusieurs testaments des xrve et xve siècles assignent une
 somme de vingt livres tournois, à raison de deux blancs ou
deux deniers royaux (soit en argent, soit en nature) par
chaque mendiant venant a la distribution. Cette assignation
bien motivée et raisonnée apporte a la statistique de la men-
dicité au moyen-âge un chiffre éloquent. La livre tournois
valant 240 deniers , 20 livres tournois représentent
4,800 deniers. Or, a raison de 2 deniers par individu, on
arrive au chiffre effrayant de 2,400 mendiants, vieillards,
hommes, femmes et enfants, valides ou invalides D'après
le registre d'une taille levée pour les frais de l'entrée du
roi Charles VI, en l'année 1389 (1), le nombre des feux
riches ou aisés se monte à 1750, soit 8,750 personnes ayant
des possessions et des revenus fonciers ou mobiliers ou de
négoce. On ne peut évaluer (le terme exact de la proportion



  (1) Archives municipales CC. Comptabilité de Jacquemet de Gez.