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                       VICTOR DE LAPRADE                          157

molosses hurlants, les nains qu'il broie sous ses pieds
comme des fourmis. Puis il s'élance, l'épée a la main, vers
le dragon que, d'un seul coup, il cloue sur le sol, et la fée
qui le montait disparaît dans les entrailles de la terre.
   Le combat terminé, l'enfant et son libérateur devisent,
heureux, près de la source.
      — Ainsi que vous m'aidez, seigneur, que Dieu vous aide !
      — A vos chagrins, enfant, que Dieu donne un remède !
      — Chevalier, que vos coups soient toujours aussi sûrs !
      — Belle enfant, que vos yeux soient toujours aussi purs !
      — Je n'étais rien pour vous qu'une fille des champs,
      Que saviez-vous de moi ? .             . .       . .
      —                      Déjà ces beaux yeux, ce me semble,
      M'ont souri dans un monde où nous étions ensemble.

   Lorsque les esprits méchants l'ont arrêtée, la jeune fille
portait le goûter aux moissonneurs. Elle le sert au chevalier
qui veut le partager avec elle, et, tous deux, sans façon,
comme un frère et une sœur, vident le panier rempli de
fraises, de noix et de lait. Après Je repas :
   — De peur que ne surviennent d'autres nécromans, je
vais vous accompagner jusqu'à la maison de votre père, dit
le preux.
   — Nenni, mon doux seigneur, la ferme est proche, et
d'ailleurs,
          Je crains les médisants et les propos jaloux
          Autant que les sorciers et bien plus que les loups.

          Allez à vos combats, je vais à mon troupeau.

  — J'obéis, mais non sans emporter un souvenir de ma
bonne fortune.
          Je prends du bout des doigts, sans toucher au corset
          Ce bouquet de trois- fleurs noué par un lacet.
          - - Je ne les donnais pas, vous les avez su prendre :
          Gardcz-Jes !