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Quand votre enfant mourut, vous souvient-il, ô mère, Que de l'agonisant nul ne put approcher? Vous voulûtes sur lui vous pencher la dernière, Et son dernier regard, mère, vint vous chercher. Vous voulûtes aussi, pour le repos suprême, Vous seule, le parer. — Couché dans son berceau, Ses cheveux lui faisant un charmant diadème, Comme un ange endormi, votre enfant était beau. Dans ses petites mains, jointes sur sa poitrine, Vous aviez mis des fleurs — de ces fleurs qu'il aimait — Il avait dans la mort une paix si divine, Que, rien qu'en le voyant, la douleur se calmait. Votre maison était silencieuse et vide, Pareille au nid d'oiseaux que les oiseaux ont fui, Vous, près de votre enfant, l'œil fixé dans le vide, Vous songiez •. Il faut donc que je vive sans lui ! Et quand on eut rendu sa dépouille à la terre, O mère, l'on vous vit longtemps vous désoler; Vous trouviez, disiez-vous, la coupe trop amère Et vous ne vouliez pas vous laisser consoler. Du plus humble bonheur vous vous sentiez jalouse, Vous, qui pouviez vous plaindre et souffrir en repos; Mais aujourd'hui, pensez aux femmes de Toulouse, Dont les petits enfants ont péri sous les flots. Elles ont tout perdu dans ce désastre immense, Et ne peuvent en paix pleurer leurs pauvres morts ; Donnez. — Vous ne sauriez leur rendre l'espérance, Donnez, pour adoucir les souffrances du corps. Oui, pensez au tombeau que recouvre le lierre, Au nom de votre enfant, donnez, donnez aussi. Peut-être pourrez-vous entendre la voix chère De votre ange envolé, dire : « Mère, merci ! » Mathilde SOUBEYRAN Salnt-Geniés d. M. 8 juillet 1875. 13