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424 CHRONIQUE LOCALE. La jeunesse, à la voix, héroïque et chrétienne, Pourla France et l'honneur, jure ici de mourir. Le nom de M. Boy n'est point inconnu à nos lecteurs. Le frère de notre jeune poète, poète aussi, est un des collaborateurs de la Revue du Lyonnais. Pendant qu'on mélangeait ainsi la tristesse et l'enthousiasme, la foule remplissait les cimetières de la ville et portait à nos chers morts les tendres hommages de la prière et du souvenir. — Le lendemain, 3, la Cour faisait sa rentrée avec le cérémonial accoutumé. C'est M. l'avocat général Flouest qui a prononcé le discours d'usage. Sa grave parole a développé tout ce qu'on doit attendre de l'esprit de conservation. Si la voix était éloquente, elle ne pouvait tomber sur un auditoire plus digne; là était l'élite de la cité. Préfecture, académie, église, armée, tribunaux consulaires, pendant une heure ont été sous le charme de l'orateur. Le soir, presque toute cette société se trouvait encore, non plus cette fois à une fête, mais à un incendie qui dévorait le théâtre de Bellecour. Le nouveau préfet, accompagné des secrétaires généraux, l'armée, des magistrats, des membres de l'Université, unissaient leurs efforts à ceux des pompiers et des hommes du peuple qui cherchaient non à sauver le théâtre, la chose était impossible, mais à préserver le quartier environnant, ce à quoi on est parvenu. L'incendie du théâtre de liellecour, ancien Eldorado, a été un événement douloureux et cependant on ne peut se lasser, même en présence des pertes matérielles qui sont considérables, de se féliciter que le fléau se soit développé en cet instant et non un peu plus tard. A six heures, quelques artistes seuls commençaient à s'habiller et ils ont eu grand'peine à fuir. A sept heures, grâce au succès de la nou- velle pièce les Muscadins, la salle eût été pleine et aucun spectateur n'eût pu s'échapper de la fournaise, la scène enflammée se trouvant au centre des deux étroits couloirs, seuls passages du théâtre. Toute la soirée, dix pompes ont fonctionné avec activité et ont pu garantir le corps de logis qui donne sur la rue Belle-Cordière, Å“uvre élégante de M. Léo, architecte lyonnais. Aujourd'hui les artistes se trouvent sans engagements à une époque difficile de l'année. L'immeu- ble, qui appartenait à M. Emile Guimet depuis l'année dernière, était assuré. — Le l'[ novembre, M" Jean-Baptiste Callot, notre compatriote, ancien curé du Bon-Pasteur et premier évêque d'Oran, est décédé à Keaujeu dans sa famille, après une très-courte maladie. Son corps sera transporté à Oran. C'est M,r Thibaudier qui a présidé à la céré- monie funèbre. — Les funérailles de M. Rodet, directeur de l'Ecole vétérinaire, ont eu lieu le 27 octobre au milieu d'une affluence considérable d'assistants que le mauvais temps n'avait pas retenus. Cinq discours, prononcés à Loyasse, ont fait ressortir le savoir et l'habileté adminis- trative du défunt. — Et ce ne sont pas seulement ceux qui meurent qu'on regrette. Ceux qui s'éloignent laissent souvent aussi un grand vide dans la cité. M. le Président Onofrio a été nommé conseiller à la Cour de cassation ; nous en félicitons Paris, mais nous nous en affligeons pour Lyon où M. Onofrio était un modèle, un exemple, et où il possédait l'estime sympathique de tous. C'est M. de Lagrevol, aussi connu comme érudit que comme magistrat, qui remplace M. Onofrio dans sa haute position. A. V. Lyon. — Imprim~e7ie^ÃNGfmwï^^