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LA PRréCOMSATION 475
mes et les mains ouvertes, on donnait, sans compter, a
toutes les œuvres pies; on secourait toutes les misères
réelles ou factices, sans s'inquiéter des dangers sociaux
qu'elles entraînent. Pendant cette époque, à Lyon, où l'es-
prit de charité est si général, chacun des habitants, depuis
les simples artisans jusqu'aux fastueux bourgeois, pensait
aux pauvres et s'occupait de les soulager, pro amore Dei,
au moins autant que de la fondation et de l'entretien des
églises et des couvents, in eleemosinam. Il y avait des asso-
ciations ou confréries nombreuses, et souvent distinctes des
corporations, dont les règlements recommandaient la cha-
rité. Les statuts de la confrérie de la Trinité, fondée en 1300
et très populaire a son origine, obligeaient les confrères a
se secourir les uns les autres sur leurs propres biens ; dis-
position remarquable et en conformité avec les principes de
communauté des premiers chrétiens (t).
Dans les testaments formulés en ces temps de charité
fervente, aucune œuvre n'est oubliée. On remarque, non
sans en être touché, avec quel soin minutieux les testateurs
s'occupent de toutes les infortunes : les malades gisant par
les rues sur leurs grabats ou civières (2), les malades
recueillis dans les hôpitaux, les contractés, les lépreux, les
pauvres filles a marier, les enfants délaissés, les femmes en
gésine, les vieillards et les estropiés; ils lèguent des sommes
d'argent, des vivres et des vêtements, à chacune de ces
catégories de déshérités. Leurs suprêmes volontés ont été
méditées et préparées avec la plus grande piélé ; elles for-
ment le dernier anneau d'une longue chaîne de bienfaits.
(1) Bibliothèque de la ville : collection Coste, n° 3056 ; ce manuscrit
sur vélin, à deux colonnes, est très-instructif.
(2) Les textes disent : in civeriis seu Mères ; expression lugubre,
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