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452                      VICTOR DE LAPRADE
ce sol qu'il avait laissé nu. Un cri de joie et d'espoir s'élance
alors de sa poitrine.
        Qu'il est bon, dans cette ombre où le vent seul murmure,
        Sous ces arbres heureux, conseillers de la paix,
        Qu'il est bon de mêler son âme à la nature
        Kt d'exister sans vivre au fond des bois épais .'

        En groupes fraternels, croissez, ô jeunes chênes !

        Chaque automne à vos pieds la feuille s'amoncelle ;
        Elle a refait un sol à ce roc dévasté.
        Vous amassez là-haut, pour la race nouvelle,
        Un réservoir de vie et de fécondité.
        Les oiseaux disparus reviendront avec l'ombre ;
        Chaque arbre aura, l'été, son limpide concert,
        Et le riche oasis, peuplé d'hôtes sans nombre,
        S'étendra tous les jours aux dépens du désert.

        Et tout reverdira ; les fils des métairies
        Verront s'emplir encor les puits de leurs aïeux ;
        Tout, les fruits des vergers et les fleurs des prairies,
        Tout nous vient de ces bois cachés sur les hauts lieux.

  Puisqu'il retourne une dernière fois a tout ce qu'il a
chanté, a tout ce qui a fait sa poésie et sa gloire, il gravira
de nouveau les degrés de ces Alpes où il a rencontré de si
hautes inspirations.
        Mes Alpes, portez-moi vers les choses divines !
        Rien d'humain n'est absent d'un cœur que Dieu remplit.

        Sitôt qu'en votre azur près de lui je m'élève,
        Tout grandit dans mon âme et tout monte avec moi.
        Je cueille en vos sentiers où l'on dit que je rêve,
        Des fleurs pour mes amours, des clartés pour ma foi.

        C'est toujours l'infini, sur vos monts, qui m'enivre 5
        C'est toujours Dieu qui parle et l'amour qui répond.