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406 ÉTYMOLOGIE DU MOT DIEU historique, dans les formes devenues génériques, Théos, Deus, Dieu... non moins que dans les formes qui ont con- servé la valeur primitive de noms propres, telles que Zeus et Dios. La fusion du sanscrit deva avec l'hébreu Théoué qui lui communique une valeur spirituelle et qui, d'autre part, reste pur d'alliage dans le mot Théos, n'a d'ailleurs rien de plus étonnant, de plus difficile à admettre que tant d'autres phénomènes de linguistique ; que l'action sécu- laire, par exemple, à laquelle le nom d'Eve, ou Heva, ou Eba, comme l'ont parfois écrit les Grecs,doit d'être devenu chez eux, d'abord, le nom d'une Hebé, déesse de la jeu- nesse, puis un nom commun signifiant jeunesse. C'est ainsi encore que le nom de la même Eve ayant été con- fondu par les Grecs avec Eôs, qui est chez eux le nom de l'Aurore, l'histoire de la première femme est mytholo- giquement devenue la légende de la déesse Eôs. Et la déclinaison toute grecque,soitd'/fdW, soit d'Eà s, n'en- lèvera jamais rien à la positive réalité de l'origine hé- braïque, soit à 'Eôs, au point de vue de la légende, soit à 'Hébé, quant au nom lui-même. Tenons compte de la forme extérieure, mon R. Père ; c'est une chose indispensable, sans doute, mais à la con- dition de n'en pas être esclaves au point de ne rien vou- loir expliquer ni laisser expliquer que par elle. La vérité scientifique, pas plus que la vérité religieuse, n'aurait rien à gagner à cet excès de zèle grammatical. Permettez-moi, mon R. Père, de terminer par ce mot de réserve la première partie des rectifications que j'ai l'hon- neur de vous adresser, en vous priant d'agréer l'expression des respectueux sentiments de votre tout dévoué ser- viteur. H ' d'ANSELME. Ancien officier supérieur.