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LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 343 couraient à nos blessés, sous les balles et la mitraille, mêlés cordialement avec nos soldats qui les regardaient comme des camarades. Puis, le lendemain des batailles, ils ensevelissaient les morts. Eux-mêmes eurent à pleurer deux des leurs qui furent tués, plusieurs furent blessés, dix-huit périrent de maladies contractées près des blessés et des malades. « Mais ce ne fut pas Paris seul qui fut témoin de ce dévouement que la charité chrétienne inspire. Dès l'ori- gine de la guerre, ils sollicitèrent dans toutes les provinces les emplois les plus pénibles et les plus dangereux. Ils demandèrent à faire partie de l'armée du Rhin. Leurs maisons devinrent des casernes ; ils organisèrent partout de nombreuses ambulances pour nos blessés. « De même qu'à Paris, les Frères parurent sur tous les champs de bataille de province, à Dijon, à Alençon, à Pouilly, à Pontarlier, partout où l'on se battit; que de faits il y aurait à citer! que d'épisodes à raconter ! « Il y aurait à dire aussi le courage des Frères sous la Commune qui vint si tôt couvrir d'un voile lugubre ce qui aurait dû être la glorieuse fin d'une guerre malheureuse. Il y aurait à les montrer recueillant, même à Belleville ou à Lonchamps, les blessés des insurgés ; mais bientôt persé- cutés, chassés par eux, arrêtés avec leurs élèves dans leur maison d'Issy et ailleurs, conduits à Mazas, au mo- ment d'y périr ; quand ils s'échappèrent, l'un d'eux, le frère Justin, fut tué en sortant. « Ce que j'ai dit, ajoute M. le duc de Noailles, suffit à justifier le choix que nous avons fait de cet Institut des Frères des Ecoles chrétiennes pour lui décerner le prix si honorable de la ville de Boston. Les Frères sont presque tous enfants du peuple, et tous dévoués à l'éducation et au bien du peuple. Que toute justice leur soit rendue !