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SALLtJSTE 333 patricienne, mais de famille presque effacée par l'indolence de ses ancêtres, Sylla était également versé, également docle dans les lettres grecques et latines ; magnanime, épris des plaisirs, mais plus épris de gloire; voluptueux dans ses loi- sirs, mais ne sacrifiant jamais les affaires aux voluptés, et coupable seulement d'avoir, comme époux, pu se conduire avec plus de bienséance;. éloquent d'ailleurs, délié, d'un commerce facile, d'une profondeur de dissimulation incroya- ble ; prodigue de largesses, et donnant l'or surtout à pleines maius. Homme vraiment heureux entre tous, avant sa vic- toire sur ses concitoyens, et chez lequel la fortune ne fuj jamais au-dessus du génie : Eut-il plus de bonheur que de vaillance, on était dans le doute a cet égard. Quant à ce qu'il fut depuis sa victoire, je ne sais, si a le rappeler, il y aurait plus de douleur que de honte. » On pourrait désirer qu'à la place de cette phrase : Prodi- gue de largesses, et donnant l'or surtout à pleines mains, il y eût celle-ci : Prodigue de largesses et d'or surtout, d'un tour plus vif, et qui ne renferme pas plus de mots que le latin. Mais, cette bagatelle mise à part, il serait malaisé d'avoir une interprétation plus vraie, plus élégante, plus concise, plus digne de l'original. Si nous voulions entreprendre une critique de détails, majorum ignavia : litteris graecis ac latinis juxta, atque doctissume, eruditus : animo ingenti ; cupidus voluptatum, sed gloriae cupidior : otio luxurioso esse ; tamen ab negotiis numquam voluptas remorata, nisi quodde uxore potuit honestius,consuli; facundus, çallidus, et ami- citia facilis : ad simulanda negotia altitudo ingenii incredibilis : mul- tarum rerum,ac maxume pecuniae largitor. Atque felicissumo omnium ante eivilem victoriam, nunquam super industriam fortuna fuit. Multi dubitavere, fortior an felicior esset : nam, postea quœ fecerit, incertum habeo, pudeat magis, an pigeât disserere. {Jugurtha, C.XCV.)