page suivante »
332 SALLUSTE de l'histoire. Il se préoccupe d'atteindre le résultat, l'effet du spectacle l'inquiète peu. Pour l'éclat de la couleur et la déli- catesse du coup de pinceau, il est aussi grand peintre que Tacite, mais l'historien de l'empire est un plus grand artiste. Nous avons dit tout ce que nous pensons de l'écrivain, il est temps de parler de l'estimable traducteur qui s'est chargé de le faire passer une fois de plus dans notre langue- M. Félix Olivier n'en est pas ici a son coup d'essai. Déjà , il s'était fait glorieusement connaître par sa traduction de Tacite, œuvre de conscience et de talent, dans laquelle, s'il n'a pas vaincu ses émules sur tous les points, il les a géné- ralement surpassés,soit par l'intelligence du sens, soit par la concision de la phrase, soit par la propriété de l'expression. Il y avait une trop étroite analogie entre Tacite et Salluste, pour que l'interprète de l'imitateur ne conçût pas l'idée d'étudier le modèle. M. Olivier a déployé, dans ce second travail, les rares qualités qui le distinguent dans le premier. Nous ne dirons pas qu'il a mieux fait (ce qui serait peut-être difficile), mais nous affirmerons qu'il n'a pas moins bien fait. M. Olivier s'attache non-seulement à rendre la pensée renfermée dans le latin, ce qui, selon nous, n'est pas le point le plus difficile de la traduction, mais encore à mettre en lutte le français avec l'idiome ancien, c'est-a-dire à opposer précision à précision, brièveté à brièveté, énergie à énergie, et a faire, de la sorte, passer dans la langue moderne le génie du latin. Hâtons-nous d'avouer que si, le plus souvent, il est forcé de céder devant son redoutable émule ; il est assez heureux quelquefois pour faire hésiter le lecteur entre l'original et la traduction. Donnons-en un un exemple et choisissons le portrait de Sylla (1) : « Noble et de maison (1) Igitur Sulla gentis patriciae nobilis fait,familiaprope jam extincta