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                            SALLUSTE                         327

attente veille au fond des consciences. » Un moraliste chré-
tien n'eût pas mieux dit.
   S'agit-il de peindre les austères beautés de la vertu, de
flageller le vice, de montrer comment la mollesse et !a cor-
ruption préparent la ruine des Etats ; nous ne sachons pas
qu'il y ait, nulle part, soit de plus vigoureux coups de pin-
ceau, soit une verve plus honnêtement indignée, soit des
considérations d'un ordre plus élevé. Si l'on en excepte
quelques faiblesses, à l'égard de certains stratagèmes de
Métellus et de Marius, qui sentent trop la perfidie pour être
excusés, les réflexions incidentes qui assaisonnent le récit
sont à l'unisson de la doctrine la plus sévère. En un mot,
Salluste ferait rougir nos modernes philosophes, si ces pré-
tendus sages, qui dédaignent si fort le dogme chrétien, pou-
vaient prendre au sérieux les sentiments orthodoxes d'un
païen sur la psychologie et la morale.
   Après la dignité des principes, ce qu'on exige d'un histo-
rien, c'est la probité littéraire. La dignité des principes
constitue l'écrivain honnête.la probité fait le narrateur vérace.
Or, cette qualité appartient encore h Salluste. Nous ne voyons
pas que les critiques anciens aient relevé des erreurs dans
ses témoignages ou l'aient accusé de haineuses préventions.
Sous ce rapport, il a même donné une remarquable preuve
d'impartialité, lorsque, dans la Conjuration de Calilina, il
qualifie Cicéron, son ennemi, à'optumo consuli, excellent
consul. Puis, il n'attribue pas aux personnages qu'il dépeint
une physionomie différente de celle qu'on leur voit ailleurs.
Quanta ses déclamations contre l'immoralité de son époque,
on ne saurait les taxer d'exagération, lorsqu'on a lu la Cité
de Dieu de saint Augustin. Au reste, ce Père lui-même rend