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ÉTUDE SUR SALLUSTE La nouvelle traduction de Salluste, par M. Félix Olivier, qui vient de paraître, nous fournit l'occasion de nous entretenir un instant de ces auteurs qui faisaient autrefois les délices des gens instruits, et dont, malheureusement notre siècle ne s'occupe plus guère. De tous les maîtres anciens que nos mains ont feuilletés dans les classes, Salluste est peut-être celui qui, par la singularité de son génie, a laissé la trace la plus profonde dans notre souvenir. Toutefois, malgré la célébrité qui s'attache à son nom, cet historien perdrait beaucoup à nos yeux de son intérêt, si nous devions le con- sidérer sous le double aspect de son caractère et de son talent.Tous les documents, que nous a transmis l'antiquité, sont unanimes pour flétrir la vie publique et privée de celui qui fut le modèle du vertueux Tacite, et se montra le censeur impitoyable des mœurs corrompues de son temps. Entre les rares personnages qui semblent donner un démenti a cet oracle de la divine sagesse : que la bouche parle de l'abon- dance du cœur, Salluste est sans contredit le plus fameux. Heureusement, nous pouvons séparer l'homme de l'historien, et, sous ce dernier rapport, nous sommes en présence d'un des plus grands écrivains de l'antiquité. Ce n'est pas que ce qui nous reste de Salluste soit bien considérable : la Conjuration de Catilina, la Guerre de Jugurtha, deux Lettres à César, des parcelles plutôt que des ambeaux d'une gran de Histoire de Rome depuis Sylla ; telle