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26fi LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON enchères, il avait préféré, ayant à la fois du temps et de l'argent, dépenser son temps et ménager sa bourse. En outre, il avait des connaissances, et c'était aussi pour lui affaire d'amour-propre que de se tenir (et son ami, M. Pericaud, n'agissait pas autrement,) séparé du vul- gaire des bibliomanes. Découvrir un livre de valeur sur la planche à Perdereau, c'était pouf lui une vraie gloire, un triomphe d'amour-propre, une jouissance bien au- dessus du plaisir grossier de l'amateur, qui, par une écra- sante surenchère, enlève à un compétiteur vaincu quelque bijou bibliographique. « Pour moi, qui le rencontrais presque chaque jour sur le quai de l'Hôpital, affrontant la poussière des bouquins à 25 ou 50 centimes, je ne me souviens pas de l'avoir vu faire une empiète sérieuse dans l'intérieur d'une boutique, et il n'était pas nécessaire d'être bien profond observateur pour reconnaître à sa physionomie narquoise, comme à l'ensemble quelque peu volontairement sordide de sa per- sonne, que cette manière de rechercher les livres était chez lui non pas une nécessité mais un système. « Cette comparaison entre MM.. Eandin et Rostain, à un autre point de vue, serait défavorable au premier en réservant exclusivement au second le mérite d'aimer les livres pour le profit intellectuel qu'ils procurent. Cette appréciation serait absolument fausse. M. Randin, il est vrai, n'avait pas eu, comme M. Rostain, les avantages d'une instruction libérale, mais ce fait même fournit l'occasion de constater que son goût pour les livres n'était pas une manie. Il n'y avait aucun livre latin ni en langue étrangère dans sa bibliothèque, parce qu'il voulait lire les livres qu'il achetait. « Je puis parler avec quelque assurance dé M. Randin, parce que je l'ai connu intimement. Je l'avais rencontré