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206 NOTRË-J)AMË-1)E-LYON instituais, Gratianum imper atorem ctrcutnventam dolis interfecit (1) ». De l'ensemble de tous ces témoignages, les seuls, à ma connaissance, qui existent, il résulte un fait parfaite- ment établi, c'est que Gratien fut assassiné. Aurélius Victor, Paul Orose et Grégoire de Tours ne disent pas où; Saint Jérôme, Ruffin, Prosper Tiro, Prosper d'Aquitaine et Marcellin nous apprennent que c'est à Lyon ; Socrate et Nicéphore Callixte, d'après lui, ajoutent que c'est à Lyon, dans le voisinage d'un cours d'eau qu'il se disposait à franchir ou qu'il avait franchi pour aller au devant de sa femme ; Zosime seul avance qu'il fut tué à Lyon, dont il transforme le nom en Sigidu- num, lorsqu'il traversait un pont. Je n'ai pas à m'arrêter à l'assertion de Zosime, mais seulement à constater qu'aucun de ces historiens ne nomme le cours d'eau témoin de la mort de Gratien. Or, il y a à Lyon deux grands cours d'eau, le Rhône et la Saône. Pourquoi donc attribuer à l'un plutôt qu'à l'autre l'honneur, si toutefois honneur il y &, d'avoir été le théâtre d'une sanglante tragédie ? La tradition, dira-t- on! mais à cette tradition on peut en opposer une autre, celle qui fait périr Gratien sur le bord du Rhône, à Jonage, c'est-à -dire bien au nord de Lyon. En saine critique, il n'est donc pas permis d'avancer que ce sont les historiens contemporains ou presque contemporains de Gratien qui le font mourir à Lyon, sur le pont du Rhône, mais bien leurs interprètes, les historiens modernes de Lyon, notamment un des plus autorisés, le P. Ménestrier, qui s'exprime ainsi : « Il (1) Historia Francorum, lib. I, cap. xxxvm.