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 iM                    VICTOR DE LAPRADE

                 De leur groupe qui se resserre
                 Ce cri s'élève et nous défend :
                 0 Jésus, retiens le tonnerre
                 Et n'abandonne pas la terre,
                 S'il nous y reste un seul enfant !
                 Exauçons ce vœu de nos mères,
                 Et Dieu l'accomplira sur nous.
                 Laissons au monde ses chimères,
                 Ses fruits pleins de cendres amères...
                 Voici la croix, tous à genoux !

     D'ailleurs, les Voix du silence ont cela de remarquable :
  le catholique s'y affirme d'une manière nette, franche, cou-
  rageuse, et celte affirmation y éclate partout. Victor de
  Laprade n'est plus cet adorateur de la beaulé grecque, qui
  revêtait l'âme chrétienne des grâces païennes de Psyché, ni
  ce rêveur séduit par la nature, qu'il eût prise volontiers
  pour la forme de Dieu ou pour un Dieu même ; c'est le
 véritable disciple du Christ qui, prêt à s'armer pour les
 luttes de la vérité, de la justice, du devoir, se prosterne de-
 vant la Croix, signe de la force et de la victoire. Est-ce à
 cette source de toute vertu que le génie du poète a puisé
 une vigueur nouvelle ? Je ne sais. Mais jamais encore la
 pensée de Victor de Laprade ne s'était montrée aussi per-
 sévéramment élevée, nulle part son vers aussi fréquem-
 ment magistral que dans ces pages éloilées du nom divin.
    Le morceau capital de ce volume, c'est la Tour d'Ivoire.
 Il est difficile d'analyser l'idéal dont ce poème offre une
 image. Il ne l'est pas moins, peut-être, d'y saisir l'intention
du poète. L'auteur, cependant, si je ne me trompe, a voulu
 montrer que les deux guides les plus sûrs dans la vie et vers
le bonheur sont l'amour chaste et la foi.
    Le poème débute par la rencontre d'un chevalier et d'un
ermite sur la lisière d'une forêt enchantée. Ici, le chevalier
est le jeune homme qui hasarde ses premiers pas à travers la