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                           POÉSIE.

'< De t'entendre parler la langue de ta mère,
 » Quand vient le jour où Dieu te prit sur ton cheval ! »

Il n'entend pas. Il fuit au fond de la vallée,
Et, dans le même endroit où rugit la mêlée,
Se courbant vers la terre, il ramasse un clairon;
Puis ce clairon des morts fait courir dans l'espace
Ce bruit qu'on n'entend pas. mais qui le soir vous glace
Quand un oiseau de nuit vient raser votre front.

Et fidèle à l'appel entendu par avance,
Le régiment tombé se relève et s'élance
Sur les pas de son chef déjà bien loin de lui
C'est que depuis quatre ans, toujours à pareille heure,
Il va voir à Berlin dans leur froide demeure,
Nos drapeaux qui, dit-il, doivent mourir d'ennui.

    Chacun se courbe sur la selle
    De son cheval vif et fidèle,
    Et court se perdre dans la nuit;
    Le nuage vole en poussière,
    De la nuit tremble la lumière,
    La troupe monte, passe et fuit

Puis les mâles héros de la phalange épique
Dans le temple désert s'engouffrent au galop
Et le Génie, assis au fond de l'orgue antique,
A leur voix réveillé, répète mot à mot :

'< Hourrah! pour tes couleurs, drapeau de la patrie !
« Vois, tous ceux qui sont morts viennent te saluer
'< Et tu dois être fier sur ta hampe meurtrie,
« Puisque même au tombeau l'on ne peut t'oublier.

« Montre encore une fois l'allure jeune et fière
« Qui soutenait l'élan dans ton zouave acclamé
« Et laisse s'envoler la poussière étrangère
« Au souffle de ces fils qui t'ont le plus aimé!