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  L'ANNIVERSAIRE               DE REISCHOFFEN

                                               et ma Muse fidèle
                                 Se souvient de ceux qui sont morts.
                                                   (Victor Hooo.)



Dans le ciel, au milieu d'un cercle de nuage,
Ce soir, rien que la lune au tranquille visage,
Montant silencieuse au sein de l'infini;
Tandis qu'un peu plus loin, l'espace monotone,
Sous de nombreux flocons comme la mer moutonne,
Au vague demi-jour de son azur bruni.

Sur terre, c'est la nuit aux formes indécises,
La colline immobile avec des taches grises,
Les arbres assombris au bord du blanc chemin,
Le silence incertain que le soir on écoute,
Et tout là-bas, au fond, loin de la grande route,
C'est, dessiné plus noir sur l'ombre, Reischoffen.

A ce moment, du sol on voit sortir une ombre ;
Son casque bosselé n'a plus qu'un reflet sombre,
Et sa main est rivée au grand sabre de fer;
Elle erre à fleur de terre avec ses regards vides,
Sous un soufflé léger poussant ses pieds rigides
Et la lèvre glacée en un sourire amer.

« Dis-moi, bon cuirassier, est-ce moi qui t'éveille
« De l'éternel repos où ta douleur sommeille ?
< Ah! peut-être ma voix t'a fait beaucoup de mal?
 c
« Non. Sans doute il te plait, sur la terre étrangère,