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                   CHRONIQUE LOCALE

    — Enfin Lyon va pouvoir couler des jours heureux.
    Grâce à la séance de la Chambre des députés du 8 décembre, d'é-
 ternelle mémoire, ses vœux les plus ardents sont accomplis.
    Lyon aura une Faculté de médecine.
    On aurait certainement illuminé ce jour là en réjouissance de
 cette nouvelle, si on n'eût déjà illuminé pour autre chose.
    Et en effet, désormais, qu'aurait-elle à désirer 1 Lyon, Toulouse,
 Lille, Nantes, Bordeaux et Marseille sollicitaient à la fois. Lyon et
 Bordeaux ont été seules écoutées.
    Nos députés jubilent.
   Toulouse, Nantes et Marseille sont consternées.
   Lille aura une Ecole de plein exercice, comme fiche de consolation.
   Quant à Montpellier, inutile de vous en parler. Tous les habitants
portent le deuil, et ils ont bien sujet d'être en noir, pauvres gens !
Ils avaient tant combattu pour avoir le privilège exclusif d'élever de
petits médecins I C'est comme si on enlevait aux nourriees de la Savoie
le monopole des nourrissons de notre ville. Il faut être juste, si
Montpellier n'a plus que ses produits chimiques, ses eaux-de-vie, ses
huileries et ses raffineries, il aura bien de la peine à vivre.
   Ce n'est pas lui qui aura illuminé le 8 décembre de peur de qui
pro quo.
   — Lyon donc à qui tout sourit, Lyon qui a sa Faculté de médecine
 et voit dans l'avenir une Faculté de droit, Lyon dont le commerce
est redevenu_ propère, et dont les rivières coulent à pleins bords,
Lyon a illuminé le 8 plus brillamment que jamais ; une foule immense
circulait dans les rues, paisible et satisfaite, jouissant du plus ma-
gnifique spectacle qu'il soit possible de voir ; consolante protestation
contre les tendances matérialistes qui désolent l'humanité.
   — Lorsque Athène était en paix, elle se passionnait pour les
 beaux arts.
                      On ne s'attendait guère
                      A voir Athène en cette affaire.
   Lyon pareillement se préoccupe de la magnifique galerie de tableaux
offerte à la ville par M. Jacque Bernard. Les mercredis et jeudis, les
amateurs sont admis à visiter cette splendide collection qui rendra
notre Musée le premier de France, quand il aura un local. Dès ce
moment qu'on sache gré au généreux donateur, et qu'on aille voir
le trésor qu'il nous offre. C'est bien le moins qu'on le remercie de
son vivant.
   — L'exposition des Amis des Arts s'ouvrira le 8 janvier prochain
et, d'après des confidences sérieuses, elle sera certainement plus
brillante que les années précédentes. Nombre de tableaux sont déjà
déballés.
   — Le chemin de fer de Saint-Just donne lieu chaque jour à de
nouvelles découvertes. Le vieux Lyon, bouleversé par la pioche des
terrassiers, livre à M. Martin-Daussigny tous ses trésors, et on se
demande si les dames de Saint-Pierre n'ont pas fait bâtir un palais
trop exigu pour nos trouvailles?                           0^